« Les acteurs d’un Burkina de paix dont nous rêvons sortiront obligatoirement de nos familles » Cathy Manly
Dans le monde littéraire, Catherine Marie Téwendé Loagboko/Manly, écrivaine passionnée s’illustre par son récent livre destiné à éveiller l’amour de la lecture chez les plus jeunes. À travers le livre ‘’ Une victime innocente”, l’auteure s’engage à semer les graines de l’amour pour la littérature chez les enfants. Interview !
Présentez vous à nos lecteurs
Je suis Cathy Manly auteure du recueil de nouvelles « une victime innocente ». A l’état civil je me nomme Cathérine Marie Téwendé Loagboko épouse Manly.
Je suis titulaire du Brevet de l’ENAM option Administration Générale et en service au Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme où j’ai reçu en 2023 la distinction honorifique de Chevalier de l’Ordre du Mérite des Arts, des Lettres et de la Communication.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant qu’écrivaine et des moments clés qui ont marqué votre carrière ?
Ma première aventure dans l’écriture a été la réalisation d’un album de bande dessinées intitulé « le matin du bonheur » en collaboration avec deux auteurs que sont madame Rokiatou Barro et monsieur Firmin Ouattara…Cette bande dessinée dont je suis l’auteur du texte éponyme é été dédicacée en marge des activités de la Foire Internationale du Livre de Ouagadougou le 25 novembre 2023 au Pavillon Soleil levant du SIAO. C’est donc après cette aventure que « une victime innocente » a vu le jour.
Quels ont été les défis les plus significatifs que vous avez rencontrés en tant qu’écrivaine et comment les avez-vous surmontés ?
Le plus grand défi qui se présentait à moi était de pouvoir un jour éditer un livre pour transmettre mes convictions à partir de l’analyse de certaines situations vécues par des enfants/jeunes, et qui méritent une interpellation.
Au risque de perdre mes idées je les transcrivais et les conservais en recherchant les voix et les moyens pour en faire un document capable de parler à la société. L’édition de la bande dessinée a été donc une belle aventure qui m’a permis aujourd’hui de réaliser mon plus beau rêve, celui de partager ma vision et mes convictions sur la responsabilité parentale dans l’éducation des enfants et des jeunes.
Comment décririez-vous votre style d’écriture et quels sont les thèmes qui vous inspirent le plus ?
J’ai opté d’utiliser dans mes textes un style narratif simple et adapté aux jeunes et aux adultes. A partir du secondaire on peut déjà lire ce livre et comprendre aisément les faits sont racontés. Les thèmes développés dans ce recueil tournent autour de l’enfance et la jeunesse, et interpellent la société en générale et les parents en particuliers sur leur lourde mais noble responsabilité dans l’éducation des enfants.
Quels critères ou inspirations guident vos choix d’histoires ou de sujets à explorer dans vos œuvres littéraires ?
Mes sujets à explorer portent généralement sur les enfants et les jeunes, simplement parce que j’ai beaucoup évoluer avec cette couche de la société et je ne peux rester insensible aux difficultés actuelles qu’elle traverse. Les récits relatés sont tirés de mes rencontres avec ces enfants et jeunes qui tentent de justifier leurs «échecs ».
Consciente que cette jeunesse constitue notre relève, j’estime que c’est à travers elle que nous pouvons rêver d’un avenir meilleur.
Beaucoup de parents consentent de réels sacrifices pour la réussite de leurs enfants et méritent par conséquent la reconnaissance de la nation entière ; par contre d’autres manquent du temps matériel à offrir aux enfants. Toujours entre deux missions ou avec des amis ou encore sous la pression du volume de travail, ils sont quasiment absents ou se soucient peu de ce que font leur enfant. Ils luttent plutôt pour garantir à l’enfant les biens matériels en créant en lui un déséquilibre psychique.
A un certain âge, l’enfant a plus besoin de la présence et surtout de l’attention de ses parents. Il a besoin d’un dialogue permanent pour entendre de ses parents des mots d’estime et d’encouragement afin de réaliser qu’il est une composante à part entière de la famille sur qui on compte.
Quelles sont vos attentes en tant qu’écrivaine pour l’avenir et quels projets avez-vous en cours ou envisagez-vous de réaliser ?
Je rêve de voir une victime innocente parcourir le Burkina Faso et au-delà pour conscientiser les autorités publiques et les parents sur l’importance de leur rôle. Nous appelons chaque jour de tous nos vœux des lendemains meilleurs, un Burkina de paix, un monde plus juste… Les acteurs de ce Burkina de paix dont nous rêvons sortiront obligatoirement de nos familles. C’est dire donc que ce pays sera à notre image. On a coutume de dire que « l’enfant grandit par l’exemple ». Soyons donc des autorités exemplaires, des parents exemplaires et notre rêve deviendra une réalité.
« Plantons les graines d’un bel avenir afin que les générations futures soient fières de leurs devanciers ».
-Comment voyez-vous l’évolution du monde de l’édition et de la littérature Burkinabè dans les années à venir ?
Je pense que le monde de l’édition et de la littérature sont des « amis inséparables ». Des acteurs comme le Ministère de Communication à travers le BBDA et les médias que vous êtes ainsi que bien d’autres structures contribuent fortement à la vie de ce secteur à travers la promotion des œuvres littéraires. Nous invitons aussi les parents à développer et encourager chez les plus jeune l’amour de la littérature, base de tout développement.
–Selon vous, quel est le rôle des parents dans l’éducation des enfants, notamment en ce qui concerne la valorisation de la lecture et de l’écriture ?
Les parents jouent un rôle capital dans l’éducation des enfants, c’est pourquoi nous empruntons les mots de « Victor Hugo » pour rappeler que « l’éducation c’est la famille qui la donne et l’instruction c’est l’Etat qui la doit ». Si chacune de ces entités assume pleinement son rôle, la combinaison éducation/instruction donnera sans aucun doute une jeunesse ambitieuse et responsable. Le contraire nous maintiendra dans nos cauchemars.
En ce qui concerne la valorisation de la lecture, il faut rappeler qu’à travers la lecture on se cultive et elle ouvre toujours l’esprit à d’autres réalités. Une jeunesse qui lit apprend forcement à se battre pour réussir. J’invite donc les parents non seulement revenir à la lecture, mais aussi à inculquer l’amour de la lecture aux enfants.
–Comment pensez-vous que les parents peuvent encourager le développement de l’amour pour la littérature chez leurs enfants ?
Pour encourager la lecture chez les enfants, les parents doivent eux-mêmes prendre du plaisir à lire. C’est la meilleure manière de donner l’exemple.
Offrir des livres comme cadeau aux enfants à la place des gadgets.
Consacrer dans le programme des enfants une plage (10, 15 à 20 minutes par jours et selon l’âge de l’enfant) pour la lecture de petits textes adaptés et captivants ;
Planifier des jeux sur les textes lus ;
Echanger sur les bienfaits de la lecture ;
Etre patient et persévérant dans l’accompagnement de l’enfant à la lecture
Quelle est votre analyse de l’impact de la littérature sur la société et comment voyez-vous le rôle des écrivains dans la transmission de messages importants ?
La littérature est considérée comme le miroir de la société parce qu’elle reflète les valeurs, les croyances et les préoccupations d’une époque donnée.
A travers les écrits les écrivains donnent leurs regards sur des faits et interpellent pour un changement. Ils jouent donc un rôle de veille et d’alerte.
Quelles perspectives ou messages aimeriez-vous transmettre à travers vos œuvres littéraires pour influencer positivement vos lecteurs ?
A travers ce recueil sur la vie des enfants et jeunes, je voudrais partager ma conviction selon laquelle « chaque enfant est le reflet de l’éducation et de l’instruction reçues… ».
De ce point de vue et au regards des déviations comportementales en vogue qui ternie l’image de la jeunesse burkinabè (indiscipline généralisée), je voudrais interpeller les autorités et les parents sur l’urgence de revoir l’éducation des enfants si nous voulons réellement un avenir meilleur et un Burkina de paix.
- Etre disponible et regardant sur les faits et geste des enfants et jeunes ;
- Dialoguer sans violence pour connaitre leurs préoccupations et les aider à trouver des solutions ;
- Accepter d’évoquer avec eux certains sujets jugés « tabous » afin de prévenir certaines dérives.
En somme, j’invite les parents à consacrer plus de leur temps à l’écoute des enfants et à la vie familiale.
Interview réalisé par Annick HIEN/MoussoNews