« Ces délestages nous font perdre de l’argent et la fuite des client.e.s » Nicole Ariane Geraldine Bassané, pâtissière restauratrice

À Ouagadougou, de nombres femmes entrepreneures font preuve de détermination malgré les obstacles posés par les délestages de courant constants observé depuis plus d’un mois. Leurs activités commerciales, basées entre autres sur la vente de glace, de dêguè et de gâteaux d’évènements, sont sérieusement impactées par ces coupures d’électricité imprévisibles.

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Fatoumata Ouédraogo rendant la monnaie à un cliente

Fatoumata Ouédraogo, 50 ans est une commerçante qui fait de la vente de glace, une bonne affaire pendant les périodes de chaleur depuis 2 ans.

Cette année, à cause des coupures d’électricités permanents et imprévisibles observée dans la ville de Ouagadougou, Fatoumata se bat chaque jour pour maintenir ses glaces au frais.

Domiciliée à Bonheur Ville, les délestages contraignent la jeune dame à des horaires de travail soudain, affectant la rentabilité de son entreprise. Elle confie ne plus totaliser le minimum de bénéfice que les années précédentes : 10 000 FCFA par jour. « A cause des coupures de courant, souvent je peux faire 2 à 3 jours sans vendre, c’est une totale perte pour moi le fait d’acheter les paquets de sachet, ensuite d’y mettre l’eau pour les conserver au réfrigérateur pour au final ne rien avoir. Plus on laisse plus ça se perce au fur et à mesure. On ne peut pas conserver pendant des jours les sachets d’eau que nous attachons » détaille-elle.

Pour ne pas perdre en termes de recettes, Fatoumata vend souvent un sachet de glace non entièrement gelé ou couramment appelé ‘’demi formé’’.   Vendeuse de condiments aux abords du goudron, Fatoumata se réjouit légèrement de cette seconde activité. « Au moins avec mes condiments, je gagne de petits sous. Sinon si je comptais uniquement sur la glace, je n’allais pas du tout m’en sortir » dit-elle tout en espérant que la situation revienne à la norme car ces coupures constantes de courant constituent une lourde perte pour toutes les personnes qui exercent une activité en lien avec l’électricité.

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Nicole Ariane Geraldine Bassané, pâtissière restauratrice

Nicole Ariane Geraldine Bassané, pâtissière restauratrice au quartier Dapoya raconte également ses difficultés liées aux coupures permanent d’électricité. « Les délestages ralentissent nos activités surtout pour une pâtissière comme moi.  Nous n’arrivons plus à mener à bien nos activités. Actuellement j’ai dû stopper toutes mes commandes car c’est difficile de réaliser des gâteaux d’anniversaire, de commande pour les baptêmes…Au mois d’avril j’avais trois commandes de gâteaux d”anniversaire. J’ai réalisé toutes mes commandes et j’ai fini aux environs de 10h. Tous les trois gâteaux étaient dans le réfrigérateur et je suis sortie faire quelques courses arriver à la maison aux environs de 17h  j’ai constaté qu’il y a eu délestage et que toutes les commandes de mes client.e.s ont fondu » a-t-elle expliqué.

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Nicole au four

Nicole Ariane considère ce cas comme le plus grand traumatisme de sa vie de pâtissière. N’ayant pas eu de solution pour livrer les commandes de ses client.e.s, elle a dû restituer leur argent. « Je ne savais pas quoi dire à mes client.e.s ; le premier devait récupérer son gâteau aux environs de 18h je n’avais aucune solution. J’ai dû m’excuser auprès de ces derniers et rembourser leur argent donc je suis tombée à perte. Les délestages de cette année vont provoquer beaucoup de pertes en matière d’argent mais aussi la fuite des client.e.s » témoigne-t-elle.

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Nicole chez une de ses voisines pour réaliser un gâteau

Pareillement à Fatoumata, Nicole Ariane, n’arrive plus à totaliser sa recette journalière comme avant. « Actuellement j’ai moins de commande ce qui ralentit énormément mon boulot. Tout est devenu compliqué. Il y a eu des moments où j’ai même été sollicité des voisines qui ont des plaques solaires pour réaliser des gâteaux pour certain.e.s client.e.s afin de toujours les fidéliser » révèle-t-elle.

Aïssata, spécialisée dans la vente de dêguè, prisée par de nombreux Ouagalais, voit sa clientèle diminuer à cause des délestages.

 La conservation du dêguè nécessite un refroidissement constant, ce qui devient un défi majeur en période de coupures d’électricité prolongées. « Ces derniers temps, je ne prends même plus le risque de faire du deguè. J’aime l’argent mais je ne veux même pas essayer. C’est risqué et c’est une grosse perte. Cela m’est arrivé deux fois de suite, je ne veux plus que ça recommence. En entendant de me payer une plaque solaire, ou que la situation ne se régularise, je vends mes autres articles » déplore-t-elle.

Depuis un mois, Aissata a suspendu sa vente de dègué pour les articles divers tels que des vêtements, des chaussures…

Ces coupures de courant ne ralentissent pas seulement les activités des commerçantes mais aussi affecte le quotidien des femmes au foyer.  

Fatim Lengani, comptable dans une banque de la place est également influencée par ces délestages constants. « A cause des coupures, il est difficile pour nous de mieux nous organiser dans nos ménages. Je me sens très fatiguée ces derniers temps surtout du côté de la cuisine. Pour ma part je fais la cuisine pratiquement toutes les fins de la semaine pour dire le dimanche mais actuellement il est très difficile de pratiquer ce système. On arrive plus à conserver nos repas vus que je travaille dans une banque il est difficile pour moi de venir préparer à la descente donc je décide de faire au moins 3 repas que je congèle. Ce qui permet à mes enfants de ne pas manqué de nourriture à la descente de l’école avant que je ne rentre du boulot » Relate t-elle.

Elle continue en disant « ces derniers temps tout est devenu difficile. Il faut que je quitte rapidement le boulot pour rentrer préparer à manger pour ma famille car avec les coupures d’électricité de 8h de temps voir plus, on vient trouver que la nourriture s’est décomposée. Par exemple la dernière fois j’ai conservé un repas j’ai constaté que tout est gâté dans le frigidaire, les pots de yaourt, les saucissons, les jus tout étaient à jeter » raconte -elle.

Face aux défis de délestage de courant constant, ces femmes espèrent que cela va bientôt prendre fin pour qu’elles puissent retrouver leur routine quotidienne.

Annick HIEN/MoussoNews

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