L’impératif à faire de la jeune fille africaine, la narratrice en chef de sa vie

La jeune fille africaine grandit avec le potentiel masqué par les normes socioculturelles. D’hier à aujourd’hui, des millions de ces jeunes filles sont éduquées, préparées et limitées à occuper une fonction de reproduction sociale. Faire progresser le leadership féminin permettra de rendre visible le potentiel de la jeune génération de femmes et de son intégration dans les actions de développement du continent. Pour cela, elles devraient être la narratrice en chef de leur vie.

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Image d’illustration

Ce 11 octobre 2022 marque la 10 ème journée internationale de la jeune fille. Instaurée en 2012 par le système des Nations-Unies, elle vise à mettre l’accent sur la nécessité de relever les défis auxquels sont confrontées les filles, de promouvoir leur autonomisation et le respect de leurs droits humains. Dix (10) ans d’efforts pour briser la préséance accordée aux jeunes garçons et  de promotion de l’égalité de chances pour toutes et tous.

Toujours est-il que les jeunes filles ne sont pas encore débarrassées des préjugés dans bien de régions d’Afrique subsaharienne. Encore, la vision d’une jeunesse féminine actrice du changement et de  croissance n’est pas systématique. En témoigne, l’invisibilité de cette journée. La perception sociale de la « fille, future femme au foyer » et du « garçon, futur dirigeant » n’a pas en tant que tel changé. Les rapports de genre sont inégalitaires. Ils font le lit des droits bafoués et des rêves brisés de la jeune fille.

Ce constat d’hier persiste aujourd’hui parce que le leadership des femmes, leurs apports et impacts  ne sont pas assez mis en lumière.  Le cadrage médiatique le plus répandu fait une  mise en scène de vulnérabilité sociale et économique de la gente féminine. Les médias deviennent des renforceurs de la construction sociale réductrice.

L’enjeu de la visibilité

Les clichés ont la peau dure parce que celles qui en sont victimes se terrent dans le silence. La transformation de la perception sociale reste tributaire d’une communication adaptée dans le but de rendre visible le potentiel de la jeune fille. Ces dernières doivent prendre en main l’articulation d’un nouveau narratif par leur présence dans le débat public et les espaces médiatiques.

Elles sont les meilleures historiennes de leurs vies. Sur ces plateformes, il les appartient d’adopter un langage valorisant qui s’appuie sur leurs contributions tant essentielles au développement communautaire, voir national et continental ; d’exprimer leurs opinions et aspirations. Les personnes qui parlent, façonnent l’opinion publique et orientent les décisions politiques.

Autant les medias sont des renforceurs de préjugés, ils peuvent aussi servir d’outils stratégiques de déconstruction. Par son truchement, on érige des modèles de réussite féminin qui inspire et influenceront.

L’opportunité des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux par leur accessibilité et usage facile constituent les remparts aux canaux d’information et de communication classiques (radio, télévision, presse écrite, affiche …), non seulement pour les gouvernants, les acteurs des organisations de la société civile  mais surtout pour les citoyens. Le numérique a libéralisé  la parole. Chaque citoyen (ne) de part où  il ou elle se trouve n’a plus de grande difficulté pour s’exprimer, relater son vécu quotidien, les faits sociaux qu’il a constaté.

L’espace web est devenu un lieu d’insémination et de dissémination de changements sociaux. C’est une opportunité à saisir. Il offre la part belle aux femmes et aux jeunes filles de raconter et de se raconter afin de combattre directement les clichés et de défendre leurs droits sans le besoin de recourir à une médiation sociale. Jamais la parole n’a été autant accessible et libre.

Harouna Drabo

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