Maïmouna Sawadogo : La femme qui coiffe les hommes

Dans un secteur majoritairement dominé par les hommes, Maïmouna Sawadogo a décidé de briser les codes en devenant coiffeuse pour hommes. À 27 ans, cette jeune femme dynamique a installé son salon à Gounghin, secteur 9 de Ouagadougou, où elle accueille principalement une clientèle masculine, bien que quelques femmes viennent aussi se faire coiffer.

Maïmouna a commencé très jeune à s’intéresser à la coiffure. Après avoir arrêté ses études en classe de 3e pour se tourner dans le domaine de l’électronique industrielle, elle a finalement trouvé sa voie dans l’art de la coiffure. Grâce à ses immersions dans le salon de l’un de ses proches , elle a rapidement maîtrisé les coupes masculines et est aujourd’hui considérée comme une experte dans son domaine. « J’ai assez de clientèle, surtout pendant l’approche des fêtes. Sinon, je peux faire une journée et ne coiffer qu’une seule personne », confie-t-elle, déplorant la concurrence et l’emplacement peu stratégique de son salon.

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Salon de coiffure de Maïmouna Sawadogo

Malgré ces défis, Maïmouna reste déterminée. Cependant, son métier n’est pas sans obstacles. Certains clients, influencés par des préjugés, refusent de se faire coiffer par une femme. « Il y a des clients qui, quand ils voient que c’est une fille, retournent sous prétexte qu’une femme ne doit pas toucher à leur tête », explique-t-elle. D’autres, en revanche, deviennent des clients fidèles, parfois trop insistants. « Il y a des clients dragueurs. Quand tu refuses leurs avances, ils s’en vont et ne reviennent plus », déplore-t-elle.

Pourtant, Maïmouna ne manque pas de soutien. Certains clients, impressionnés par son talent, n’hésitent pas à l’encourager.

Idrissa Kanazoé , par exemple, a été surpris de voir une femme coiffeuse, mais après avoir testé ses services, il est reparti ravi, laissant même un pourboire généreux comme soutien.

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Maïmouna en train de coiffer Idrissa Kanazoé

Jérôme (nom d’emprunt), un autre client, témoigne de sa première expérience chez Maïmouna. « Je cherchais un salon de coiffure dans le quartier qui n’est pas le mien. Je suis rentré et une jeune dame m’a accueilli. J’observais attentivement ses faits et gestes, elle coiffait très bien. À la fin, je l’ai félicitée et lui ai dit que c’était la première fois qu’une dame me coiffait. Des idées me traversaient la tête : comment lui donner un coup de main ? ». Pour Jérôme, la meilleure façon de soutenir Maïmouna est de faire connaître son histoire et de l’encourager à persévérer.

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Ses clients fidèles comme Christophe Conombo (nom d’emprunt) ne tarissent jamais d’éloges à Maïmouna. « Maïmouna est ma fille, elle me coiffe tout le temps. Je lui souhaite plein de succès dans ce qu’elle fait », lance-t-il.

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Christophe Conombo se fait toujours coiffer chez Maïmouna

Maïmouna Sawadogo, cette amazone de la coiffure, continue de ravir ses clients avec passion et détermination. Son rêve ? Agrandir son salon, le rendre plus connu et créer plusieurs instituts partout à Ouagadougou.

Aux jeunes filles qui hésitent à se lancer dans un métier jugé « masculin », elle lance un message: « A toutes les filles qui ont peur de faire du boulot sous prétexte des stéréotypes, Maïmouna, les conseille de toujours faire ce qui les plaît sans faire attention aux autres » .

Diane SAWADOGO/ MoussoNews

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