Maquillage et coiffure artistique : les doigts magiques de Clémence Zongo
Clémence Zongo est une passionnée de la coiffure et du maquillage artistique. Native de la ville de Koudougou, elle y fait ses armes dans le domaine avant de rejoindre Ouagadougou en 2012. Elle se forge davantage pour être une professionnelle du maquillage dès 2019. Greg, Kayawoto, Natou sont entre autres artistes qu’elle maquille. Interview
MN : Pourquoi le maquillage artistique ? Quel a été le déclic ?
CZ : Je dirai que c’est un don de Dieu. Je n’ai pas appris la coiffure artistique à l’école ni dans un centre de formation. J’ai eu le déclic en 2019. J’étais inspirée à faire des coiffures qui sortaient un peu de l’ordinaire. Cela m’amusait beaucoup. Je les ai donc améliorés en coiffure artistique. Je ne savais pas qu’elle sera appréciée par plusieurs personnes.
Par quel moyen arrivez-vous à avoir des clients ?
Je fais ma publicité sur les réseaux sociaux. De 2019 en 2022, les réseaux sociaux m’ont permis de me former. Je publiais juste sur internet pour me divertir, mais beaucoup se sont intéressés à ce que je faisais.
Quels sont les difficultés que vous rencontrez ?
Le problème est qu’au Burkina, les gens préfèrent aller ailleurs pour chercher des talents au lieu d’exploiter les talents locaux.
Combien coûte un maquillage et une coiffure artistique ?
Cela dépend du type de maquillage et de coiffure. Par exemple, dans certains clips des coiffures ou maquillages peuvent coûter environ 45 000 FCFA ou plus, par contre il y a des coiffures ou maquillages ordinaires qui peuvent coûter 10 000 ou 15 000 FCFA.
Avec quelle star burkinabé avez-vous déjà eu à travailler ?
Côté maquillage j’ai eu maquiller des artistes Burkinabé tel que Greg dans son clip « Halaalé ». Pour la coiffure j’ai coiffé des personnes dans le tout dernier clip de Kayawoto. Il y a également Natou et pleins d’autres artistes. J’ai participé plusieurs fois à des défilés et j’ai eu à coiffer des mannequins à Ouagadougou et à Koudougou.
Comment arrivez-vous à faire voyager votre art à l’international ?
C’est par le net j’essaie de me faire connaître à l’international. Il y a également des médias qui me sollicitent pour des interviews. C’est le cas de la RTB et de Moussonews.
Avez-vous déjà subi des harcèlements, des propositions indécentes dans le cadre du métier ?
Pour l’instant je n’ai pas encore subi d’harcèlements.
Qu’est-ce votre entourage et votre famille pensent de votre métier ?
Certains hommes pensent que si tu es dans ce milieu, tu ne pourras pas être dans un foyer. Pour une femme qui voyage beaucoup et qui pourrais faire des jours dans certaines localités, certains se demandent si le mari pourrait permettre à sa femme de rentrer à des heures tardives ou faire des jours dehors. Etant donné que certains clips peuvent commencer à 9h et prendre fin à 4h du matin. Ma famille quant à elle, ne trouve pas d’inconvénients. Tant que j’aime ce que je fais, elle m’encourage.
D’où vous viennent vos idées de création ?
La plupart des idées de création me viennent pendant mes rêves. Et dès qu’il y a une révélation, je me lève aussitôt et je note. Certaines me viennent en image et d’autres en écriture. Raison pour laquelle j’affirme que c’est un don divin.
Quels sont les horaires des coiffures artistiques que vous proposez ?
Les horaires diffèrent selon les types de coiffures. Il y a des coiffures qui peuvent prendre une heure, par contre d’autres peuvent prendre la journée, trois jours et même une semaine. Certaines coiffures nécessitent d’être réfléchies mûrement afin de respecter le thème.
Travaillez-vous avec d’autres personnes ?
Pour le moment je travaille seule. Il y a une fille qui aime le métier et se fait former par moi. Il arrive souvent qu’elle m’aide.
Quelles sont les activités que vous organisez ?
Il y a des activités que j’organise pour les déplacés internes par exemple. Le 18 mars, à l’occasion de mon anniversaire et le 19 novembre que j’ai nommé « Kõ sú noongo » (donner de la joie). Ces activités consistent à redonner de la joie aux déplacés internes, en leur offrant une coiffure et un maquillage artistique. En plus de cela, trois pagnes cousus en « Miriam Makeba sont offerts aux femmes. Sur place un photographe les prenne en photo et leur remette en guise de souvenirs. Certes des gens leur donnent des vivres, mais ils n’ont pas le temps de causer avec et leur procurer de la joie. Pendant ces activités, j’organise également des séances de formation en savon et savon liquide afin de permettre aux déplacés, de pouvoir avoir de quoi manger et se débrouiller avec la fabrication de ces produits.
Quel est votre rêve ?
Je souhaiterais ouvrir un centre de formation pour des filles et garçons qui aimeraient réussir dans ce métier. Comme je n’ai pas un centre, je ne peux pas organiser des formations en tant que telles. Déjà que je travaille parfois à la maison ça sera compliqué.
Reine Bénédicte Kinda & Mariam Lingani ∕ Stagiaires