Mariage : Une étape de la vie qui séduit de moins en moins les jeunes

Le mariage, institution ancestrale et socle de nombreuses sociétés, semble perdre son éclat auprès de la jeunesse Burkinabè. Tandis que certains y voient un contrat social et juridique, d’autres pointent les désillusions et les retombés liées à l’engagement. Quelles sont les perceptions actuelles et les raisons de ce détachement grandissant ?

Chaque week-end, les rues burkinabè sont animées par des cortèges nuptiaux, des salles de mariage pleines à craquer, des promesses de vie communes échangées. Pourtant, derrière ces festivités, un malaise s’installe dans la mentalité des jeunes burkinabè. Le mariage, ce rituel ancestral, fait de moins en moins l’unanimité auprès des jeunes.

Juridiquement, le mariage est perçu comme un contrat engageant deux individus majeurs pour une vie commune. Mais pour Binta Sanga, jeune spécialiste en droit, cet engagement a une autre dimension. «Quand tu es mariée, dans la société tu es plus respecté, les grandes décisions familles, tu es consultés, les réunions familiales etc… Pour moi je pense que c’est ça le mariage et à partir de 25 à 30 ans la jeune fille peut décider de s’unir à un homme», déclare t-elle.

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Binta Sanga

Elle qualifie cet intervalle d’âge propice pour la jeune fille d’entretenir un foyer, car dit-t-elle, « la fille à ce moment est prête physiquement et psychologiquement pour enfanter et supporter un homme pour le restant de sa vie».  


De son côté, Ramata Tinto étudiante en Lettres Modernes à l’Université de Ouagadougou, privilégie une vision plus traditionnelle. « Le mariage, c’est avoir un partenaire pour la vie et des enfants. Dès 18 ans, une fille peut se marier si elle trouve le partenaire qui lui convient ».

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Ramata Tinto

Quant à Abdoul Nassirou Sawadogo, il partage l’avis de Ramata et résume l’union comme « un lien entre deux personnes de sexes opposés, avec pour but principal de fonder une famille ».

Ces perceptions, bien dérivant des avis personnelles, révèlent une vision parfois réductrice du mariage. Mais les inquiétudes ne tardent pas à apparaître.

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Craintes et désillusions : la réalité des jeunes

Pour de nombreuses jeunes filles, malheureusement les engagements de nos jours riment avec le sexe. Ce qui crée en elles un désintéressement pour le mariage.

« Facon les hommes de nos jours ne peuvent pas se contenter d’une seule femme, j’ai peur de me caser et me retrouver à un moment avec un homme qui me trompe qui ne me respecte pas », lance Ulricka Ouéna.

« Les garcons de nos jours ne sont pas sérieux. Ce sont eux qui ne veulent pas s’engager. Ils veulent juste faire du vagabondage sexuel avec différentes filles et profiter de leur jeunesse », affirme Binta

Les avis sont aussi convergents chez les hommes. « Je suis un garçon, mais je reconnais que plusieurs garçons ne voient que l’acte sexuel dans le copinage au lieu de planifier un mariage. Moi-même pour être sincère, quand j’aborde une fille, c’est pour assouvir mon désir sexuel d’abord, pas de mariage dans mes projets », affirme Abdoul Nassirou Sawadogo. Il renchérit ses propos en mettant en avant le comportement agaçant de certaines filles, qui s’adonnent elles aussi au vagabondage sexuel.

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Abdoul Nassirou Sawadogo

Face à ces mentalités, le mariage perd progressivement sa valeur dans les sociétés modernes. Résultat, le Burkina Faso a enregistré plus de 1 500 divorces en 2021, un chiffre alarmant qui traduit une désacralisation de cette institution.

Le mariage d’hier, un modèle pour demain ?

Pour Ramata Tinto, le mariage arrangé d’autrefois, souvent critiqué, avait ses mérites.  « Ces unions étaient plus solides et durables. Les familles jouaient un rôle de médiation, ce qui était quasi impossible pour un couple de divorcer », a-t-elle indiqué.

Le mariage moderne est-il devenu un simple contrat social ou un terrain miné par des désillusions ? Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de redorer l’image de cette union, en tenant compte des aspirations des jeunes tout en préservant sa dimension symbolique, sacré et humaine. Car, le mariage, au-delà des festivités et des promesses, reste un choix de vie, un engagement qui nécessite équilibre, amour, dialogue et respect. Peut-être est-il temps de redéfinir ce que signifie réellement “s’unir pour le meilleur et pour le pire”.

Diane SAWADOGO (Stagiaire)/ MoussoNews

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