Mariam Coulibaly, animatrice à télé Côte d’Ivoire : « Quand vous êtes dans le collimateur d’une femme, il faut faire gaffe »

Mariam Coulibaly : c’est tout simplement le charme et la positivité. Lisait-on sur des affiches lors du festival Ciné droit libre en juillet dernier à Ouagadougou. L’allure sympathique, elle a toujours su bien faire ce qu’on lui demande. Comme l’attestent encore des cinéphiles en écrivant ceci : « Son intégration dans le festival a été tout simplement positive ». Cette jeune femme célibataire dont le cœur n’est pourtant pas à prendre est le chef de département production et programme de fréquence 2 du groupe Radio télévision ivoirienne (RTI). Rencontre.

Elle a soufflé ses 35 bougies le 27 juillet dernier. Mère d’une fille de 10 ans, « Mam Coul », comme l’appelle affectueusement ses fans est partagée entre deux cultures pourtant Une, à son avis. « Un mélange assez atypique » dit-elle. Ivoirienne, elle est née d’une mère originaire du Sud-ouest et d’un père natif du Nord. Son histoire avec la radio a commencé avec les bons soins d’un professeur de français. Elle est également le pur produit d’activités extrascolaires. « Je faisais partie de tous les clubs journal, anglais, littérature, théâtre », raconte-elle avec fierté. Très active dans ces mouvements au lycée Moderne de Gagnoa, elle rencontre un professeur, Mr Jean-Claude M’Bao, qui va lui révéler sa prédisposition à faire de la radio. Après le BAC que Mariam réussit avec brio, elle est orientée en faculté de Droit à l’université de Yopougon. C’était en 1997.

Ses premiers pas…

Mariam Coulibaly effectua ses premiers pas à la radio en 1997 avec la radio fréquence Fromager Tropique FM. En conciliation avec ses études. « La radio, c’est merveilleux », dit-elle presqu’en sourdine. De Fromager Tropique FM, Mariam est appelée à City FM de Treichville. Là également, elle montre son aptitude et sa conviction inébranlable, mais également sa passion à faire de la radio. Il a suffi de participer au test de recrutement des animateurs lancé par la Radio télévision ivoirienne (RTI) en mars 2000 pour qu’elle sorte major. Elle intègre ainsi la RTI à la production et à l’animation d’émissions radiophoniques. Son amour pour le travail va séduire, même jusqu’au haut niveau. Après un an, elle est sollicitée par la 2e chaine de télévision pour animer « Le club de la 2 ». « Une production télé où je suis en contact direct avec les téléspectateurs.

C’était mon premier passage à la télévision et j’avoue que l’émission a eu du succès », a-t-elle déclaré. C’est ainsi qu’elle s’est vue confier d’importantes émissions dont « Panache », une émission de variétés pour laquelle elle fait des émules. « L’audience de cette émission télé est telle que tous les artistes rêvent d’y faire une prestation », dit-elle.

Difficultés !

« Je ne suis pas du genre à dire que les difficultés que je rencontre dans mon métier sont liées à mon statut de femme. Non, loin de là. J’estime que les difficultés sont toujours inhérentes à une fonction, à un métier. On a besoin d’être une femme ou un homme pour rencontrer des contraintes dans un métier », explique-t-elle lorsqu’on lui demande les difficultés qu’elle peut rencontrer en tant que femme. Le travail d’un animateur consiste à bien préparer son émission, à produire celle qui accroche le public, à trouver des sujets pertinents, à rechercher des invités qui intéressent le public, à bien se présenter pour ne pas choquer…En cela donc, Mariam estime qu’il ne sied pas de mettre au devant la question du genre. Les difficultés sont les mêmes.

Aimée par le public…

Mariam Coulibaly est adulée par le public ivoirien et même au delà. Pourquoi ? Elle répond que : « Le public porte le regard sur l’individu que lui-même porte en lui, bien qu’il n’est pas rare d’entendre qu’une femme de médias est une femme avec laquelle on a toujours des « bobos ». Elle pense que le public est plutôt regardant sur le travail que l’on fait. Tout compte fait, renchérit-elle : « On ne peut être comptable de ce que chacun pense de nous ou décide d’avoir comme idée sur notre vie ». Dans tous les cas, Mariam avoue mettre toujours un point d’honneur à être une animatrice respectable et respectée.

Son avis sur les quotas

« Je ne veux pas rentrer dans cette histoire de guerre du genre. Je peux défendre la cause de la femme, mais je ne suis pas féministe pour l’être. J’estime qu’une femme qui a de la valeur sait s’imposer quand elle en a la possibilité ». Le quota genre est donc pour elle, une stratégie d’obliger les hommes à faire de la place aux femmes. Parce que dit-elle : « Il existe toujours des « phallocrates » qui refusent la réussite d’une femme. J’estime que les hommes ne doivent pas percevoir notre lutte comme un désir de les supplanter. On a beau se leurrer, une femme ne peut pas être égale à l’homme ». Son avis sur ce qui fait la femme reste sa force de caractère. « La femme a beau paraitre sensible, faible, elle devient forte quand elle s’habille de cette faiblesse. Quand elle se fixe un objectif, elle l’atteint. C’est pour cela que quand vous êtes dans le collimateur d’une femme, vous avez intérêt à faire gaffe ».

Maitresse de cérémonie aussi !!

« Au début de ma carrière, un constat s’est imposé en moi. J’avais remarqué que les maitres de cérémonie étaient pour la plupart des hommes. Je me disais que cela pourrait être un combat afin d’inciter les femmes sur ce chemin. J’avais donc commencé à faire du lobbying et je disais qu’un homme qui anime bien, c’est juste bien. Mais une femme qui présente bien et qui anime bien, là, c’est nettement meilleure. Parce qu’elle y ajoute de l’élégance, de la grâce. Aux jeunes filles qui ont envie de s’invertir dans ce métier, elle leur dit de venir avec leur personnalité. Il ne faut surtout pas vouloir ressembler aux autres.

BK

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