Minata Coulibaly : À plus de 70 ans, elle fauche toujours de la paille au champ pour vendre
Mousso News est allée à la rencontre de Minata Coulibaly le 2 janvier 2024 à Wempéa. À plus de 70 ans, cette maman dispose encore d’une force physique étonnante. Elle fauche quotidiennement de l’herbe dans les champs, l’arrange, la transporte sur la tête jusqu’au bord du goudron pour la vendre. Cet argent lui permet de payer ses condiments et de subvenir à ses petits besoins et à ceux de sa famille.
Wempea est une commune rurale située dans le département de Toussiana de la province du Houet dans la région des Hauts-Bassins au Burkina Faso. Dans cette petite localité, la paille est un trésor. Elle sert à confectionner les seccos. Après la saison des pluies, la majorité des habitants de cette zone, (hommes comme femmes) vivent essentiellement du fauchage de l’herbe. « Ici, après la saison hivernale, il n’y a plus de travail. Pour avoir un peu d’argent, nous sommes obligés de rentrer en brousse, couper de la paille, la nettoyer correctement et la disposer au bord du goudron pour la vendre » explique la sexagénaire, Minata Coulibaly.
Selon elle, les hommes ne donnent pas l’argent de popote aux femmes au village, comme cela est de coutume en ville. « Au village chez nous, c’est compliqué. Les hommes mêmes se cherchent. Si la femme reste assise, ce n’est pas évident. Quand la paille va commencer à finir, nous allons débuter la traite de l’anacarde, ensuite de la mangue. Après cela, nous sommes en hivernage. C’est comme ça chaque année. Il n’y a pas de repos », ajoute Minata Coulibaly, avec un léger sourire au coin des lèvres.
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Ce travail, reconnaît-elle, est très pénible. Surtout pour elle qui est très avancée en âge. « J’ai plus de 70 ans mais je rentre toujours en brousse pour chercher la paille. Je n’ai pas le choix. Quand je reviens le soir, tout mon corps me gratte. Ma peau est toute blessée. Mais quand je pense que ce que je gagne va combler des dépenses, je poursuis », raconte la veille dame.
Selon elle, après la vente, cet argent lui permet non-seulement de subvenir à ses petits besoins mais aussi de contribuer à payer les frais de scolarité de ses petits-enfants. Elle affirme que son fils n’a pas de moyens. Ce qui l’a maintien toujours dans ce métier réservé aux hommes.
Le tas à 500 FCFA maximum
Après le nettoyage soigneux de l’herbe, cette sexagénaire dispose sa paille en tas de 300 F, 400 F et 500 FCFA. L’autre difficulté après tous ces efforts fournis est le manque de clients. En effet, même dans les villages, les toits des maisonnettes qui étaient généralement en pailles sont en train d’être remplacés par des tôles modernes.
Aussi, dans le milieu, les faux coups sont légion. « Un monsieur est une fois r nous dire de rassembler nos pailles, qu’il passera les acheter. Nous avons attendu en vain et la paille a malheureusement pourri. Malgré tout, nous continuons le travail en attendant d’autres opportunités », lâche-t-elle. Son souhait est que le marché soit plus florissant afin qu’elle rentabilise les efforts qu’elle fournit quotidiennement.
En rappel, la sexagénaire Minata Coulibaly fait ce travail sans aucune protection, ni pour ses yeux, ni pour ses pieds, ni pour ses bras, encore moins pour sa tête. Elle est quotidiennement exposée au vent, à la poussière et aux multiples reptiles des broussailles de Wempéa, ce village qui l’a vu grandir.
Léandre Sosthène SOMBIE/ Mousso News Bobo-Dioulasso