MPL, habitante de Barsalgho: « Aller à Kaya, c’est traverser la vallée de l’ombre de la mort »
MPL réside à Barsalgho. Chaque semaine, elle se rend à Kaya dans le cadre de ses activités communautaires. Depuis la dégradation de la sécurité, emprunter l’axe Barsalgho-Kaya relève d’un parcours de combattant. « Quand tu prends la route, tu es un mort-vivant jusqu’à destination. Mais il faut juste prier Dieu », relate la jeune dame.
Au moins cinq villages séparent Kaya à Barsalgho. Trois sont aujourd’hui, pratiquement vides et occupés par les groupes armés selon MPL, résidente à Barsalgho. La jeune dame emprunte fréquemment l’axe Kaya-Barsalgho. « Nous sommes obligés d’aller à Kaya dans le cadre des activités communautaires avec des associations. Il y a près d’une quarantaine de déplacés internes chez moi. Il y a des structures qui accompagnent des ménages hôtes. Mais au-delà de cela, il faut aller à Kaya pour acheter des vivres » explique MPL. Chaque fois qu’elle emprunte l’axe, elle dit confier sa vie à Dieu comme tous les jours. Mais, ajoute-elle : « les jours ou je dois aller à Kaya, je me considère comme morte parce que je ne sais pas si je vais revenir vivante à la maison ».
L’axe Kaya-Barsalgho est aujourd’hui très dangereux selon la jeune dame. « Les groupes armés fouillent toute personne qui emprunte la voie. Aujourd’hui tu peux tomber sur un groupe armé, et demain sur un autre. Ils arrêtent les véhicules, les motos », témoigne-t-elle.
Des femmes violées et molestées
La plupart des personnes qui empruntent l’axe utilisent des engins à deux roues, explique MPL. Certaines femmes des villages qui sont encore habités vont souvent à la recherche de l’eau. Elles sont, témoigne MPL, parfois molestées et violées. « Ils les frappent et retirent tout ce qu’elles ont sur elles », relate MPL, la mise grise.
La situation sécuritaire s’est encore dégradée en mars avec des attaques terroristes, des fermetures d’écoles et la dégradation des pilonnes, a affirmé le ministre en charge de l’Education, porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, lors d’un point de presse.
Bassératou KINDO