Ouagadougou : Des travailleurs entre alcool et poulets dès 10h du matin
Dans les rues de Ouagadougou, les maquis et les espaces ouverts de détente ne sont pas seulement des lieux de rencontre après les heures de travail. De plus en plus de personnes s’y retrouvent en pleine matinée pour des moments de détente ou l’alcool devient l’élément central.
De nombreuses personnes se rendent de plus en plus dans des maquis ou espaces de détente en matinée. Leurs afflux suscitent des préoccupations quant à ses effets sur la productivité et la discipline professionnelle de certains clients.
Des pauses auto-imposées
Les espaces de détente et les maquis sont très souvent occupés en matinée durant la semaine de travail. Pour certains, fréquenter ces lieux leurs permet de mieux gérer la pression du travail. D’autres par contre indiquent y aller pour des retrouvailles. C’est le cas de Sévérin Dembélé, agent dans une entreprise de la place qui a fait de cette fréquentation une routine pour échapper au stress. « Prendre un verre rapide est un moyen de décompresser avant de retourner au travail. Ça nous permet de discuter et de mieux affronter la journée », explique-t-il.
Cependant, il reconnait que cela peut sembler problématique, mais il estime que c’est la solution pour lui de gérer le stress au bureau.
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Comme lui, Olivier Zilbala fréquente ces espaces. Il y va périodiquement. A l’en croire il y est fréquent durant les mois d’août et septembre où il a peu d’activités à son service. « Je viens ici pour me détendre et profiter pendant les heures creuses de la matinée. Durant le mois d’août et septembre, tout est au ralenti alors je n’hésite pas entre deux dossiers m’offrir une bière », fait-t-il savoir en indiquant souvent se faire accompagner par certains de ses collègues.
D’autres par contre y vont pour des moments de retrouvailles et de détentes entre amis. « Nous nous retrouvons dans ces espaces pour partager un repas et profiter de la présence des uns et des autres. Beaucoup d’entre nous vivent hors du pays et certains sont mariés alors la matinée et le bon moment pour nous », explique Jean-Philippe Kouraogo, ingenieur.
Des gestionnaires conscients
Les gestionnaires des maquis et espaces de détente où ces pratiques se déroulent ne sont pas insensibles à la situation. Martin Sagnon gérant d’un maquis populaire, explique faire de bonnes recettes au cours de la matinée. « Nous recevons beaucoup de clients dans la matinée courant la semaine et certains d’entre eux sont des travailleurs qui consomment de l’alcool en pleine matinée. Bien que cela fasse partie de notre activité, nous sommes conscients que cela peut avoir des répercussions », laisse-t-il entendre.
Herman Kiendrébeogo est vendeur de volailles dans un espace bien fréquenté de la ville. Il explique faire de bonnes recettes en matinée. « Je vends beaucoup de poulets en matinées. Il y a ceux qui viennent célébrer des anniversaires, des retrouvailles et ceux qui viennent seuls pour se faire plaisir parmi mes clients. Cet espace en matinée connait tous les jours de l’affluence », souligne-t-il.
Tandis que les pauses en matinée dans ces espaces deviennent de plus en plus courantes, la question de leur impact sur la productivité des travailleurs se pose avec acuité.
Mireille Sandrine Bado/MoussoNews