Petits marchés à domiciles : une affaire en or ?
La vente des condiments à domicile ou encore le ‘’ petit marché à domicile’’, une activité en pleine expansion à Ouagadougou. Dans les quartiers et devant les portes, beaucoup de femmes s’adonnent à ce commerce générateur de revenus.
Une table et quelques échantillons d’épices et de légumes au pas de la porte, une chaise et un regard porté vers la route. La vente de condiments à domicile est le quotidien de beaucoup de femmes à Ouagadougou. Cette activité génératrice de revenus leurs permet de subvenir aux besoins de leurs familles.
Une activité rentable
Sous un arbre devant son domicile conjugal au quartier Boulmiougou, tous les matins, Mamata Ouédraogo s’active à disposer les différents condiments sur une petite table adossée à un arbre pour avoir plus d’équilibre, et fait le point de ses ventes de la veille. « Je rends grâce à Dieu, je ne me plains pas, je parviens à soigner mon époux malade et subvenir au besoin de mes enfants », raconte Mamata.
Même ambiance a Pissy avec Zalissa Nacoulma, ménagère qui propose devant chez elle une large variété de comme des tomates, oignons, poivrons, soumbala, choux, feuilles de tamarin, poudre et pate d’arachides, piment etc. La trentaine révolue, veuve et mère de trois enfants, grâce à ce commerce à domicile, elle arrive à subvenir à ses charges familiales. « Avec l’argent que je gagne dans la vente des condiments à domicile, j’arrive tout doucement à prendre soins de mes enfants », dit-elle.
Certaines arrivent à faire des économies. C’est le cas de Mamata Ouedraogo. « La vente à domicile est rentable pour moi. Quand je prends une marchandise de 10.000f que je vends la semaine, je peux gagner entre 16.000f et 20.000f », confie-t-elle.
La valeur des gains varie en fonction des périodes et des saisons. Elles ne sont pas régulières et constantes comme dans certaines activités rémunératrices de revenu. C’est le cas pour Zalissa qui avoue que la qualité de la pluviométrie joue pour beaucoup dans la rentabilité de son commerce. « Les bénéfices chez moi parfois je suis satisfaite, parfois non mais c’est normal et je comprends. Pendant la saison pluvieuse par exemple, je fais plus de bénéfices car ma clientèle augmente et mes condiments finissent vite. Souvent je brave les pluies pour me ravitailler dans le petit marché à côté. Je peux avoir jusqu’à 25 000 ou 30 000f comme bénéfices », explique-t-elle.
Les bénéfices engrangés par ce type de commerce permettent à certaines familles de joindre les deux bouts la plupart du temps et de pouvoir gérer certaines dépenses.
Les membres des familles de Mamata et de Zalissa en profitent également et apprécient les efforts qu’elles fournissent. « Je suis fière de ma mère, et j’apprécie énormément le sacrifice qu’elle fait pour nous. C’est elle qui paye ma scolarité avec les revenus se son petit commerce et achète les médicaments de papa », laisse entendre Fayçal le fils de Mamata Ouédraogo.
Ou s’approvisionnent-elles ?
Pour se procurer leurs condiments, Mamata et Zalissa s’approvisionnent dans les marchés de Pissy et dans ceux situés aux périphéries de la ville de Ouagadougou. Elles estiment y avoir des produits de bonne qualité et à moindre coût surtout.
« La plupart du temps, j’achète mes condiments au marché de Boissa ou encore je me rends dans un jardin vers loumbila pour m’en procurer. Là-bas c’est moins cher qu’ici en ville. Mais souvent je vais prendre chez une grossiste au marché de pissy », fait savoir Zalissa.
Mamata quant à elle est une cliente fidèle du marché de Pissy ou elle s’approvisionne régulièrement. « Je suis très connue des commerçantes du marché de Pissy, c’est avec ses femmes que je prends mes condiments souvent c’est même à crédits. Cela fait maintenant deux ans que je fréquente ce marché pour mon commerce », relate-t-elle.
‘’Madame petit à petit ‘’ comme l’on surnommée ses clientes, Edwige Tapsoba est l’une des grossistes du marché de pissy avec qui Zalissa et Mamata s’approvisionne. « Je connais bien ces deux femmes. Elles prennent leurs condiments ici. Je les encourage tous les jours quand elles viennent ici à continuer dans leur commerce. Parfois quand elles sont coincées je leurs donnent les condiments lorsqu’elles auront l’argent elles passeront me régler. Depuis que je traite avec elles, elles ont toujours été honnêtes contrairement à certaines qui ont disparu avec mon argent », confie madame petit à petit assise à l’angle du marché entouré de caisses de tomates.
Je préfère faire mon marché chez elle, c’est proche et rapide…
Sabine Savadogo, étudiante indique faire son marché rapidement chez Zalissa la maman du quartier. « Zalissa est notre maman du quartier. Elle a tous les condiments nécessaires pour une cuisine, même quand tu rentres tard, tu pate à sa porte elle te vends ce que tu veux. Même le weekend je préfère y faire mon marché parce que c’est proche et rapide », souligne l’étudiante.
Dame Ilboudo, explique que le petit marché aide certaines qui ne peuvent pas se rendre au marché à faire leurs provisions. « Ces petits marchés nous aident nous les femmes qui n’arrivons pas à aller au marché souvent à cause d’une grossesse à risques ou à cause d’une popote insignifiante. L’argent de popote n’est souvent pas assez donc nous préférons notre tantie du quartier avec qui ont peu négocier », dit-elle.
Ces vendeuses à domicile qui malgré les difficultés rencontrées sont d’une aident pour beaucoup et espèrent de meilleures conditions de vie.
Mireille Sandrine Bado/MoussoNews