Pratiques parentales positives : des dialogues communautaires pour mieux se comprendre

La situation d’insécurité au Burkina Faso est aussi source de conflits entre les parents et leurs enfants. Mariage forcé ou précoce, délinquances, fréquentation des sites d’orpaillage, enrôlements dans les rangs des terroristes, etc, le dialogue est parfois fragilisé du fait des incompréhensions. InterSOS dans le cadre du projet – AICS- a instauré un dialogue communautaire entre les enfants, les parents et les éducateurs.  Ces dialogues se tiennent au moins une fois par mois.

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Beaucoup de jeunes adolescentes notamment les garçons retournent dans les villages après leur fuite des menaces ou attaques terroristes. Certains retournent notamment sur des sites d’orpaillage. Par eux, des élèves. Certaines filles sont mariées de gré ou de force par leurs parents pour réduire les charges familiales. « Ça fend le cœur de ne pas voir son élève réussir à l’école mais plutôt le voir retourner dans les sites d’orpaillage ou marié précocement », indique Jonas Wermi, enseignant à Thiou. Présent aux dialogues communautaires il ne finit pas d’égrener les cas d’abandon scolaire, la plupart, par manque de moyens financiers et d’accompagnements. « Les écoles à Thiou sont fermées depuis 9 mois », rappelle Jonas Wermi. Elèves et enseignants ont donc été accueillis à Ouahigouya. Cinq à six sites ont été identifié pour les élèves afin qu’ils puissent poursuivre les études.

Nombreux parmi eux, n’arrivent cependant pas à être régulier en classe, soit par manque de moyens financiers, ou encore du fait de la distance très longue entre le camp de déplacé et le site de l’école. Certains préfèrent donc repartir sur les sites d’orpaillage ou retourner au village. « Nous avons également assister à des cas de mariage précoce parce que le parent estime qu’il n’a plus les moyens de scolariser l’enfant », raconte l’enseignant. Un parent d’élève de le confirmer. « Nous sommes là depuis des mois et c’est difficile. J’ai proposé ma fille en mariage », explique le sexagénaire devant une assistance captivée à son cas.

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L’air triste le vieux DK raconte la situation précaire dans laquelle lui et sa famille vit. L’aide humanitaire, dit-il, ne peut suffire. « Nous étions chez nous, nous pouvions arriver à subvenir aux besoins de la vie. Ici, nous sommes dans l’oisiveté, nous n’avons rien à faire. Plus de champ, plus d’élevages, … », dit-il, ajoutant que devant une telle situation, il ne peut qu’avoir de conflits entre parents et enfants.

L’école, la famille, la rue, il faut une sensibilisation sur ces trois volets

Dans son engagement pour la protection de l’enfance, InterSOS ne cesse de réunir les parents pour parler des pratiques parentales positives afin de rétablir le dialogue et les compréhensions dans la famille. « Une cohésion familiale permet une résilience face à cette crise humanitaire », rappelle Mathieu Kinda, animateur à InterSOS. Attentif aux histoires tristes mais parfois teintées de résiliences, Mathieu explique l’importance de se parler, de s’écouter et de comprendre.

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Jonas Wermi apprécie cette démarche de InterSOS qui sauve énormément d’enfant dans leur maintien à l’école et la sensibilisation de leur parent sur l’importance et l’intérêt d’être éduqué. « Nous avons pu convaincre des enfants à quitter les sites d’orpaillage pour retrouver les classes », indique-t-il.

Des centres d’accueil et de formations aux métiers pour pallier les conflits parentaux

Parents et éducateurs sont unanimes qu’il faut construire des centres d’accueil pour les enfants déscolarisés. Ces centres, foi Jonas Wermi, leur permettra d’avoir un lieu pour dormir confortablement. Ces centres devront être équipés de matériels de formation pour leur permettre de poursuivre les études. « Il faut aussi mettre en place des cadres adéquates d’apprentissage et offrir des kits de protection d’hygiène menstruels pour les filles comme les pagnes et du savon », propose Issouf Sawadogo, enseignant.

Le suivi psychologique des enfants, la sensibilisation sur les mariages forcés et le travail doivent être permanent, selon les éducateurs et les parents d’école. L’école, la famille et la rue sont des volets en prendre en compte dans les séances de sensibilisation en ce sens que, rappelle Hadiza Belem, l’enfant peut recevoir toute la bonne éducation à l’école et en famille et la rue l’influencera négativement.

Bassératou KINDO

NB : Cet article a été réalisé grâce au soutien du projet “Aide d’urgence aux populations affectées par la crise humanitaire dans les zones frontalières du Mali et du Burkina Faso”, financé par l’Agence italienne pour la coopération au développement – Bureau de Dakar

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