
Production de l’oignon : Une source de revenus aux multiples caprices

La culture de l’oignon est l’une des plus rentables dans le domaine du maraîchage. Sur un hectare de terrain, il est possible d’en récolter plusieurs sacs. Pourtant, derrière cette apparente prospérité, se cachent de nombreuses difficultés qui poussent certains producteurs à abandonner cette activité.
Sur les berges du barrage de Tanghin, femmes et hommes s’activent dans la culture de divers légumes tels que la laitue, l’amarante, la carotte… Plus loin, des rangées d’oignons s’étendent, formant un tapis verdoyant. Ce paysage est le fruit d’un labeur acharné, un combat quotidien pour assurer un revenu à ces maraîchers.
Une culture prometteuse
Fati Kané, armée de sa pioche, arrache les mauvaises herbes de son champ d’oignons. Pour elle, cette culture est une tradition bien ancrée. Chaque année, au mois de novembre, elle s’y lance avec détermination. « C’est en novembre que nous commençons à planter l’oignon. Il met trois mois pleins avant d’être prêt à être récolté », explique-t-elle. Elle garde de bons souvenir de sa récolte de l’année dernière. « L’an passé, j’ai cultivé 12 portions de terre et j’ai pu récolter une dizaine de sacs de 25 kg d’oignons », se remémore-t-elle.

Awa Kinda, une autre maraîchère, cultive l’oignon depuis plus d’une dizaine d’années. Chaque saison, elle s’investit pleinement dans cette culture. « L’année dernière, toutes mes portions de terre étaient recouvertes d’oignons. J’ai récolté de nombreux sacs que j’ai revendus à de très bons prix », se réjouit-elle. Elle indique que l’oignon est une culture ‘’très’’ rentable, à condition d’avoir un bon arrosage et un ensoleillement modéré.

« Bénéfique certes, mais avec mille problèmes »
Si les femmes louent les mérites de la culture de l’oignon, elles n’en ignorent pas pour autant les nombreux défis qu’elles rencontrent. Cette production est l’une des plus exigeantes du maraîchage. Entre le changement climatique, le manque d’eau et les vols, beaucoup de maraîchères de Tanghin finissent par y renoncer.
Ici, lorsque l’on évoque la culture de l’oignon, elles parlent toujours au passé. Doit-on déduire que le présent est tout autre chose ? Tel est bien le cas.

Actuellement, les champs d’oignons se comptent à bout de doigts. Peu à peu, les femmes se tournent vers d’autres production. La raison ? « L’oignon dure jusqu’à 3 longs mois avant qu’on ne puisse en récolter. Pendant ce temps qu’allons-nous vendre pour subvenir à nos besoins ? ». T’elle est la réponse que donnent les femmes.
Une réalité qui traduit un recul significatif de cette activité. Les champs d’oignons se font de plus en plus rares et seules les plus déterminées persévèrent.
Lire aussi: https://www.moussonews.com/maraichage-en-saison-pluvieuse-resilience-des-femmes-face-aux-inondations/
En plus de la période d’attente, les femmes accusent les vols fréquents qu’elles subissent.
« L’oignon est très convoité ici. Si tu en plantes, il faut être vigilant. Le matin, on arrive parfois au champ et on constate qu’une bonne partie a été dérobée pendant la nuit. C’est frustrant », déplore une maraîchère surnommée « Maman de Thierry » par ses collègues.

Autre problème majeur : le manque d’eau. « L’oignon a besoin de beaucoup d’eau pour bien pousser. Mais ici, les problèmes d’irrigation sont récurrents, ce qui affecte la productivité. Beaucoup préfèrent donc se tourner vers d’autres cultures », explique Awa Kinda. Le climat n’arrange rien, notamment avec un soleil ardent de mars qui assèche les plants avant leur maturité.
Une résilience face aux difficultés
Malgré ces obstacles, ces femmes ne comptent pas baisser les bras. Elles jonglent entre la culture de la carotte, de la laitue et d’autres légumes pour compenser. « L’année prochaine, si Dieu le veut, je vais consacrer plus de la moitié de mon terrain à la culture de l’oignon », affirme Awa avec détermination.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews