‘’ -Queen Mafa- pour rendre hommage à toutes les femmes à travers ma fille’’, Fatouma Sophie Ouattara, promotrice
Queen Mafa, premier magazine féminin en ligne au Burkina a célébré ses sept ans d’existence en octobre 2022. Sept ans d’engagement pour la promotion et la valorisation des femmes, la promotrice Fatouma Sophie Ouattara revient sur l’histoire du média et les perspectives. Interview.
MoussoNews : Présentez-vous à nos lecteurs
FSO : Je suis Fatouma Sophie Ouattara épouse Siri. Je suis journaliste de formation avec 18ans d’expériences. J’ai fait mes débuts aux éditions Sidwaya en tant que journaliste reporter dans le desk économie et développement. Je me suis particulièrement intéressée à l’agriculture et à l’environnement. Par la suite je me suis intéressée au journalisme scientifique, ce qui m’a permis de faire une formation de 2ans à l’international et qui m’a donné droit à un diplôme de journalisme scientifique. C’est ainsi qu’avec d’autres collègues nous avons créé l’association des journalistes scientifiques du Burkina que j’ai présidé pendant 6ans. Je suis également allée plus loin dans mon engagement en créant un journal d’actualité féminine.
Vous êtes la promotrice du média Queen Mafa ? Que veut dire Queen Mafa ?
Queen Mafa est composé de deux mots Queen qui signifie reine en anglais et Mafa qui est un prénom turka, une langue de la région des cascades qui veut dire que ‘’ça réussisse’’. C’est le prénom de ma fille qui est venue au monde en même temps que le projet. J’ai donc tenu à donner ce nom. A travers Queen Mafa j’ai voulu rendre hommage à toutes les femmes qui sont des reines pour moi.
Un média qui traite exclusivement l’information au féminin, pourquoi le choix de cette ligne éditoriale ?
Je peux dire que cela est parti d’un constat. Comme je le disais tantôt, j’ai commencé ma carrière à Sidwaya et au fil du temps, j’ai remarqué que les femmes étaient moins présentes dans l’actualité donc moins visibles. Dans les journaux vous remarquerez pratiquement qu’à la Une des presses imprimées, à la télévision comme à la radio, les personnes ressources ou encore les experts sont principalement les hommes. On a l’impression qu’il n’y a pas de femmes qui puissent parler et qu’il n’y a pas de compétences féminines. Cela m’a beaucoup inspiré car j’ai constaté qu’il y avait un manque à ce niveau. Ainsi pour travailler et contribuer à l’égalité des genres, il fallait mettre en place un journal spécialement dédié à l’actualité féminine. Notre mission est de promouvoir les femmes dans l’actualité, de les rendre plus visible. Nous prenons position pour la femme et ses intérêts. Queen Mafa s’affiche clairement pour la défense des droits de la femme et surtout engagé contre toutes formes de violences et promouvoir pour l’égalité du genre.
Y’a-t-il des difficultés ?
Les difficultés ne peuvent pas manquer. Il y’en a beaucoup de difficultés. Elles sont d’abord liées à l’exacerbation de la concurrence parce que Queen Mafa est un média en ligne et aujourd’hui on compte plus d’une centaine de médias en ligne au Burkina. Chaque média doit se battre autant que faire ce peu pour avoir une place mais ce n’est pas toujours évident. Nous sommes au Burkina et nous avons pratiquement les mêmes clients et les mêmes annonceurs. Un journal spécifiquement dédié à l’actualité féminine peut avoir des difficultés pour s’imposer dans un environnement déjà concurrentiel. En même temps c’est un atout car le fait de ne pas être un média généraliste nous permet de sortir du lot. L’avènement des réseaux sociaux et la présence de plus en plus des influenceurs qui ont beaucoup de followers finissent par damer le pion aux médias classiques. Ce n’est donc pas toujours évident pour les médias de sortir la tête de l’eau.
Au Burkina quel peut être un bon modèle économique pour un média en ligne avec pour ligne éditoriale, le traitement de l’information au féminin ?
Il n’y a pas un modèle économique idéale. Avec plus de 100 médias en ligne, il serait hasardeux de compter sur le modèle économique classique. Le modèle classique connu par la plupart des médias burkinabè est celui basé sur la publicité et les couvertures médiatiques qui sont des publi-reportages déguisés. Avec tous ses médias les couvertures médiatiques vont se faire rares et un média ne saurait vivre avec ça. A mon avis pour être viable, il faut penser à diversifier ses activités.
Quel est votre message à l’endroit des femmes afin qu’elles puissent occuper les médias comme il le faut, c’est-à-dire accepter s’exprimer, accepter qu’on écrit sur elles ?
Je dirai aux femmes que Queen Mafa est un journal qui leur est dédié, qui leur appartient. C’est à elles d’utiliser de bien utiliser cet outil pour s’exprimer et occuper la place et se faire entendre aussi. C’est très important que les femmes s’expriment et ne restent pas dans l’ombre des hommes. C’est un cri de cœur, il y a tellement de femmes qui ont des connaissances, aujourd’hui les femmes se battent pour s’imposer dans tous les domaines de la vie malheureusement elles n’occupent pas suffisamment les médias pour mettre en lumière ce qu’elles font. Pendant longtemps nos sociétés ont été organisées de telle sorte que l’espace extérieur public est réservé à l’homme et la femme est la maitresse de maison, c’est-à-dire l’espace domestique. Tout ceci a contribué à ne pas rendre la femme très visible dans les médias.
J’invite les femmes à s’exprimer comme celles qui sont engagées à leur manière surtout sur les réseaux sociaux.
Queen Mafa a 7ans. 7ans de défis et beaux succès. Quelles sont les innovations à venir ?
Nous avons traversé beaucoup d’épreuves et nous sommes fières du chemin parcouru. En termes d’innovations, nous réfléchissons à comment utiliser les langues locales pour lever la barrière linguistique et toucher plus les femmes rurales. Et dans un futur plus proche, nous pourrons utiliser les médias sociaux pour atteindre plus de femmes et essayer à notre façon de contribuer à l’information et la sensibilisation pour un développement durable au niveau du Burkina Faso et de l’Afrique.
Interview réalisée par Bassératou KINDO