« Quel journalisme dans un Burkina en crise » : Studio Yafa pose le débat avec Boureima Salouka, Dr Seydou Dramé, Abibata Coulibaly et Abdoulaye Ouattara

Deux (2) heures d’échanges sur la pratique du journalisme dans un contexte de sécurité nationale sur le thème : « Quel journalisme dans un Burkina en crise ». La Fondation Hirondelle a donné l’opportunité d’en discuter ce vendredi 5 mai 2023 autour d’un panel à Bobo Dioulasso. Il a été animé par Docteur Seydou Dramé, Boureima Salouka, Abibata Couldiaty et Abdoulaye Ouattara, tous expérimentés dans le domaine du journalisme.

« Quel journalisme dans un Burkina en crise » : Studio Yafa pose le débat avec Boureima Salouka, Dr Seydou Dramé, Abibata Coulibaly et Abdoulaye Ouattara 2

Les journalistes de nos jours sont confrontés à d’énormes difficultés dans l’exercice de leur métier, informe d’entrée Abdoulaye Ouattara, représentant de l’Association des Journalistes Burkinabè. « Il n’y a plus de liberté dans la pratique du journalisme. Certaines zones sont devenues inaccessibles à cause de la crise sécuritaire », ajoute-t-il.

Le constat est général : La possibilité de vérifier certaines informations est limitée car il faut, en plus de la version du gouvernement, obtenir celle de la population et celle des terroristes. « Le tableau est sombre » affirme Abdoulaye Ouattara.

Depuis 2016, ajoute Dr Seydou Dramé, le journaliste est face à un problème de sécurité nationale. La liberté de presse est menacée. « Nous sommes autant menacés que les soldats sur le terrain », commente Docteur Seydou Dramé, journaliste-juriste, enseignant en journalisme.

Pour Boureima Salouka, journaliste- formateur, représentant de Deutsche Welle Akademie, il n’y a pas de structures professionnelles permettant de pratiquer le journalisme de guerre au Burkina Faso.

Abiba Couldiaty, journaliste, représentante de l’Observatoire Burkinabè des Journalistes d’ajouter que les journalistes doivent converger vers un autre format de communication et d’information afin d’affronter la situation sécuritaire car cela ne doit pas être un obstacle à l’exercice du métier. « Il faut adopter une autre forme de journalisme. Changeons de sujets. Il y’a plusieurs thèmes qu’on peut aborder surtout sous plusieurs formes avec des angles différents. Travaillons à ce que notre public soit satisfait de nos engagements », dit-elle.

Information et responsabilité sociale

« Le public doit être au courant de tout ce qui se passe »,  affirme Abiba Couldiaty, journaliste, représentante de l’Observatoire Burkinabè des Journalistes. Pour elle, les journalistes doivent dire la vérité, ce qu’ils savent, ce qu’ils ont vu, en toute âme et conscience, en tenant compte de la déontologie et de la responsabilité sociale.

Selon Docteur Seydou Dramé, ce qu’on recherche chez le journaliste, c’est la responsabilité sociale. « Le journaliste doit se lever promptement pour aller chercher l’information qui va intéresser la cité », confie-t-il.

Son rôle est de rechercher, collecter l’information et sélectionner en son âme et conscience ce qui est diffusable pour son public. Ce qu’il appelle « La métacommunication », l’art d’informer pour ne pas choquer le public ».

Abdoulaye Ouattara estime que les journalistes doivent se faire former. « Ils existent plusieurs formations sur le traitement de l’information mais les journalistes ne vont pas vers ces formations » a-t-il déploré.

Selon lui, il y’a des mots qu’il faut dire et des mots qu’il ne faut pas dire. Cependant, cela n’exclut pas la vérité. Les journalistes doivent faire attention à leurs propos ainsi, ils doivent faire une sélection et pour cela, il leur faut une formation en la matière.

Pour Boureima Salouka, bien que la crise sécuritaire ait un impact sur le journalisme, l’effet contraire est aussi remarquable. « La non médiatisation de tout ce qui se passe dans le pays est une cause de la situation sécuritaire » a-t-il indiqué. Cependant que ce soit les journalistes, les chefs coutumiers ou le gouvernement, tout le monde a sa part de responsabilité.

Entre journalisme et marketing

« Le journalisme de nos jours est devenu un journalisme commercial » affirme Docteur Seydou Dramé. Les médias exigent une somme avant de couvrir un évènement. « Pas de couverture médiatique sans facture ». Ce qui ne devrait pas être le cas selon le conférencier. Pourtant précise-t-il : « Le média indépendant privé doit pouvoir vivre de sa publicité, le média public doit pouvoir vivre de la subvention de l’Etat sans exploiter la publicité et en laissant cela aux organes privés sans leur faire la concurrence » révèle-il. Malheureusement, fait-il noté, les reportages de nos jours sont devenus des publireportages. Un participant de conclure que : « Le gouvernement doit dresser une feuille de route avec les acteurs des médias afin de venir à bout de ce problème ».

Emmanuella Wend-Zoodo Heureuse CONGO/Stagiaire MoussoNews

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