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Santé mentale : La dépression au masculin
Au Burkina comme dans certains pays africains, où la masculinité est souvent associée à la force et à la retenue émotionnelle, la dépression masculine est très souvent négligée. Pourtant nombreux sont ces hommes qui en souffrent à cause de situations intenables et vont jusqu’à se donner la mort.
« Un homme ne pleure pas », « un homme doit être fort », « un homme ne se laisse pas faire » : ces expressions sont la plupart utilisées pour priver l’homme de son droit d’avoir mal.
La dépression est une réalité souvent méconnue et sous-estimée parmi la population masculine. Les hommes font face à une variété de défis qui peuvent affecter leur bien-être mental. Il s’agit du chômage, des difficultés économiques et des attentes socioculturelles.
Ces facteurs peuvent créer un environnement propice au développement de la dépression, mais ils peuvent également servir d’obstacles à la recherche d’aide.
Wilfried Ouédraogo (nom d’emprunt), âgé de 28 ans se souvient encore du jour où il a perdu William son frère jumeau il y a de cela trois ans. Ils ont toujours été inséparables comme deux âmes sœurs depuis l’enfance. Leur lien était si fort qu’ils finissaient souvent les phrases l’un de l’autre et se comprenaient sans même se parler.
La dépression a rapidement pris le dessus. De file en aiguille, il a commencé à se retirer de sa famille et de ses amis, cherchant refuge dans ses souvenirs. « J’ai passé des heures, des jours et des mois à culpabiliser en me disant que je n’aurai jamais accepté le laisser sortir seul . Je ne dormais plus et mes journées étaient un enchainement de pensées sombres et de douloureux souvenirs », se souvient-il avec beaucoup d’émotions.
Sa famille, ses amis et sa petite-amie lui apportaient du soutien parfois maladroit à ses yeux. « Tout le monde me répétait la même chose comme des robots : reste fort pour lui, Dieu sait ce qu’il fait. Mais je ne pouvais pas aussi rapidement tourner la page. Mon chagrin était très profond », explique-t-il, triste.
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Wilfried n’est pas le seul à vivre cet ”enfer ” . Rodrigue Diarra (nom d’emprunt) en est également victime. « La pression pour me marier était omniprésente. Dans notre société un homme d’un certain âge doit travailler et pouvoir fonder une famille. Ce qui n’était pas mon cas », indique-t-il.
Cette situation, Rodrigue la vivait très mal au point de remettre en cause son existence sur terre. A l’en croire il était devenu le sujet des rencontres familiales et le mariage pour lui semblait être un luxe lointain et inaccessible. « Chaque réunion de famille était ponctuée de questions sur la date de mon mariage comme si mon bonheur dépendait uniquement de cet évènement. J’avais un emploi instable et très mal rémunéré. Chaque centime que je gagnais était insuffisant pour subvenir à mes propres besoins. La pression sociale a donc commencé à peser lourdement sur moi », relate-t-il les yeux remplis de larmes.
La dépression l’a ainsi touché et bienvenue les nuits blanches meublées d’anxiété, de pensées sur son avenir ‘’incertain’’. Il s’est isolé et s’est senti incapable de parler à ses proches de la lutte intérieure qu’il vivait au quotidien.
Son état mental a pris un coup de jour en jour le plongeant dans une détresse émotionnelle. « J’ai commencé à ne plus aller aux réunions de famille car ma parole ne comptait pas à cause de ma situation », fait-il savoir.
Comment guérir ?
Le chemin vers la guérison pour Wilfried et Rodrigue a été lent et progressif. Chacun a d’abord décidé d’accepter sa situation pour après chercher de l’aide.
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Pour Wilfried, avoir recours à des solutions adéquates comme des séances chez un psychologue ou un coach de vie a été la meilleure solution. « J’ai dû multiplier les séances avec un psychologue pour avoir des résultats. Ces rencontres m’ont aidé à comprendre que le deuil est un processus long et complexe, différent pour chaque personne », insiste-t-il en indiquant avoir trouvé les moyens pour y faire face et à continuer de vivre pleinement.
Quant à Rodrigue, les échanges avec un coach de vie lui a permis de travailler sur sa confiance en soi et à reconsidérer ses priorités. « Grâce à son aide j’ai compris que le mariage et la famille sont des chapitres de la vie qui doivent arriver en leurs temps et qu’il est nécessaire de prendre soin de ma santé mentale et émotionnelle. Je suis toujours en quête de stabilité financière mais je suis mieux équipé pour affronter les défis », précise-t-il.
En brisant le tabou entourant la dépression masculine et en offrant des ressources adéquates, chaque individu, indépendamment de son genre, peut chercher et recevoir le soutien nécessaire pour sa santé émotionnelle et mentale.
Mireille sandrine Bado/MoussoNews
