Santé sexuelle : Quand la douleur du vaginisme entrave l’intimité

Le vaginisme est un trouble sexuel qui demeure méconnue au Burkina Faso. Souvent incompris, il empêche de nombreuses femmes de mener une vie sexuelle épanouie. Cette condition caractérisée par une contraction involontaire des muscles du vagin constitue un défi médical et social qui nécessite une sensibilisation accrue.

Le vaginisme est un trouble sexuel qui peut affecter la vie intime et émotionnelle des femmes.  A.M a 21 ans. Après une relation amoureuse d’un an avec M.S, elle se sent prête à avoir des rapports sexuels. Cependant, au moment de la pénétration, elle se contracte involontairement, empêchant toute pénétration.

Pensant que cela est dû à la douleur, elle travaille sur sa peur et réessaie un mois plus tard, mais le résultat reste le même. Pourtant, son partenaire estime que ce refus est volontaire et se met en colère.

Intriguée par la situation, elle décide de consulter un gynécologue. Suite à des analyses, le diagnostic révèle qu’elle souffre de vaginisme, une condition caractérisée par une contraction involontaire des muscles du vagin.

M.S toujours sceptique refuse de croire  à cette explication et lui demande de simplement supporter la douleur.

D.Z a également vécu une expérience similaire. Ayant déjà une vie active sexuelle,  D.Z ressens un jour des douleurs atroces pendant un rapports sexuel. À ce moment-là je ne m’étais pas inquiétée plus que ça en me disant que c’était passager », partage-t-elle

Ses douleurs étaient toujours accompagnées de crispations de son vagin. « C’était comme si mon vagin se verrouillait à chaque fois que  mon ex petit ami tentait d’y insérer son sexe », indique D.Z.

Après avoir effectué quelques recherches sur Internet, elle tombe sur le terme “vaginisme” qui correspondait exactement à ce qu’elle vivait.

«J’en ai parler à mon ex qui m’a rit au nez en racontant que ce sont des histoires de blancs et que ce genre de mal n’existait pas . J’ai été déçue par sa réaction et j’ai mis un terme à la relation parce que je ne pouvais pas être avec une personne qui ,ne me fait pas confiance et ne me soutient pas», poursuit la jeune fille.

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L’avis des professionnels

Le professeur Charlemagne Ouédraogo est gynécologue et obstétricien. Il explique que le vaginisme est une contracture involontaire des muscles entourant le vagin et qui empêche toute pénétration sexuelle. « Les femmes atteintes ressentent une douleur dès l’introduction du pénis », précise-t-il.

Le diagnostic se fait par consultation, en explorant le vécu sexuel de la patiente et par un examen physique.

Les causes du vaginisme sont multiples. Les antécédents de la patiente, comme les violences sexuelles ou les traumatismes augmentent le risque.

«Les femmes ayant subi des abus sexuels peuvent développer une réponse défensive inconsciente lors des rapports consentis », explique le professeur Ouédraogo. Il souligne que des expériences sexuelles traumatiques au sein du mariage peuvent aussi  déclencher ce trouble.

Professeur Charlemagne note également que les premières expériences sexuelles qui se passent mal peuvent créer une phobie des rapports sexuels et entrainer le développement du vaginisme.

D’autres maux, tels que les infections vaginales, les tumeurs pelviennes, l’endométriose peuvent également entraîner ce trouble. « Il y a plusieurs conditions qui sont à l’origine de cet inconfort et même la douleur causée par l’endométriose lors des rapports sexuels peut conduire au développement ultérieur du vaginisme » poursuit-il.

Un “mal” mal connu

Malheureusement, le vaginisme reste méconnu du grand public. Cela s’explique par le tabou entourant la sexualité dans notre société.  « Tout ce qui touche au sexe est tabou, encore plus lorsqu’il y a des difficultés », souligne le professeur Charlemagne.

T.O, marié depuis 1 an avec E.Z ignorait tout du vaginisme. Les pleures de son épouse et son refus étaient pour lui la preuve d’une infidélité.

« Au début de notre mariage, je me sentais impuissant et rejeté  par mon épouse. Je ne comprenais pas pourquoi elle était incapable de s’engager pleinement pendant nos moments d’intimté. Cela a mis une pression énorme sur notre mariage. Après avoir cherché de l’aide médicale, nous avons découvert que le vaginisme était la cause de ses difficultés », explique-t-il avec un soupir.

Il indique que  comprendre que la situation de son épouse était  une condition médicale et non un rejet personnel a changé sa perspective. «  Nous avons appris à naviguer ensemble dans cette épreuve et à renforcer notre lien émotionnel. Aujourd’hui, nous sommes plus forts en tant que couple, soutenus par une communication ouverte et une compréhension mutuelle», se rejouit-il tout fier.

Impact émotionnel et relationnel

Le vaginisme affecte la vie émotionnelle et relationnelle des femmes.  

A.M indique avoir perdue confance en elle suite à leur tentative échoué d’avoir des raports sexuels. « Je me disais que je ne meritais pas mon mec et je me sentais inutile dans la relation. Par la suite il est devenu de plus en pus distant et c’est ainsi que la relation a pris fin», partage t-elle, triste.

Le proesseur Charlemagne, quant à lui insiste sur l”impact emotionnelle car dit-il « Quelle femme aimant son mari supporterait constamment la douleur ? Cela finit par affecter la relation, sauf peut-être chez une femme masochiste ».

Il recommande par ailleurs aux femmes de se faire accompagner par leurs conjoints pour les consultations afin de bénéficier d’une meilleure compréhension et d’un soutien.

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Traitement

Le vaginisme est traité en suivant une approche pluridisciplinaire pour le traitement qui implique à la fois des psychiatres et des gynécologues.

Les gynécologues pour leur part auront pour rôle  de traiter les causes organiques comme l’endométriose, les infections vaginales ou les tumeurs pelviennes tandis qu’il est important d’offrir un soutien psychologique pour aider les femmes à surmonter leurs traumatismes.

Le vaginisme a un fort impact sur les émotions et les relations des femmes qui en souffrent. Les femmes présentant des symptômes de vaginisme doivent consulter un gynécologue ou une sage-femme pour un diagnostic et un traitement appropriés.

Asmine Zerbo (Stagiaire) MoussoNews