Satyriasisme : Le désir qui rend la vie de couple instable
Le satyriasis ou sexolisme ou encore l’hypersexualité compulsive est un sujet peu abordé, souvent entouré de tabous et de malentendus au Burkina Faso. Ce trouble, caractérisé par une obsession excessive pour le sexe, touche certains hommes et peut avoir des répercussions sur leur vie quotidienne et leurs relations.
Le satyriasis ou hypersexualité compulsive est un trouble mental qui se caractérise par un désir sexuel intense et incontrôlable. Cette condition est souvent mal comprise et stigmatisée, particulièrement dans des sociétés où les discussions sur la sexualité sont limitées.
Jean-Marc Zombré marié et âgé de 35 ans souffre du satyriasis depuis son jeune âge. A l’entendre, ses pulsions sexuelles étaient de plus en plus intenses dès l’adolescence. Cette situation assez gênante l’a poussé avoir une vie sexuelle active très tôt. « J’avais des rapports sexuels du lundi au samedi sauf le dimanche. La plupart du temps j’avais différentes partenaires car ma copine de l’époque ne supportait plus mes fréquences », explique-t-il l’air honteux.
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Ignorant être malade, il décide de se marier pour calmer les choses. Le mariage qui était censé apporter une solution à son problème a commencé à battre de l’aile. Il se retrouve une fois de plus avec une partenaire incapable de tenir face à sa demande sans limite de sexe. Ce trouble a exercé une tension constante sur son mariage. « Mon hypersexualité a mis à rude épreuve ma relation avec ma femme. Je contrôlais difficilement mes besoins sexuels, ce qui a conduit à des disputes fréquentes et à une distance croissante entre nous. Cette situation m’a troublé car j’aime mon épouse qui ne me comprenais pas », indique-t-il attristé.
Angoissé par la situation, il décide de consulter un sexologue. Là, il découvre avec le diagnostic de ce dernier souffrir de satyriasis. Le plus difficile était de le faire comprendre à sa femme et de bénéficier de son soutien. « Il m’a fallu beaucoup communiqué avec elle et aussi faire intervenir le sexologue pour qu’elle comprenne et m’accompagne sur le chemin de la guérison », relate-il avec soupire.
Paul Tiendrébeogo marié depuis 6 ans a également vécu la même situation. Il explique que cette exagération morbide des désirs sexuels a eu de nombreuses conséquences sur sa vie de foyer ainsi que sur celle sociale. « J’ai cru au début que mes envies étaient dues au mariage et que cela allait prendre fin après quelques mois. Mais plus le temps passait, plus elles grandissaient et mon épouse ne supportait plus », indique-t-il en faisant comprendre avoir des pistes de son mal par l’intermédiaire d’un collègue de service.
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Avec les explications de ce dernier, il fait des recherches sur internet et découvre probablement souffrir de satyriasis. Inquiet il se rend en consultation et ses doutes se confirment. « Quand j’ai appris ce trouble, cela m’a attristé car je pensais ne pas en guérir. Mais le médecin m’a fait comprendre qu’avec de la volonté et un accompagnement je pouvais reprendre le contrôle », insiste-t-il.
Un trouble méconnu
Le satyriasis, souvent mal compris et négligé dans le contexte burkinabè a des répercussions importantes sur les relations amoureuses.
Pour le docteur Hermann Adoko, le satyriasis est à l’image de la nymphomanie chez la femme. Il se traduit par une recherche continue et persistante du plaisir sexuel.
Selon lui, la personne atteinte va développer des pensées sexuelles récurrentes et persistantes, ressenties de façon intrusive et avec une envie irrépressible de pratiquer une activité sexuelle. « Un regard ou un croisement de jambes alors peut être perçu comme potentiellement un support sexuel », explique-t-il.
Le malade devient donc addict de la pornographie, de la masturbation et peut avoir des rapports sexuels avec des inconnus au point de négliger les autres aspects de sa vie (travail, relations sociales, vie de couple…).
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Les causes de ce mal être peuvent être multiples. Parfois cela provient d’une carence affective durant l’enfance avec de nombreuses conséquences. Ainsi, à l’âge adulte il s’abandonnera peut-être au sexe pour fusionner avec une partenaire (qu’il connaît ou pas) et se sentir aimé et désiré le temps d’un rapport.
Aussi la personne souffrant de ce trouble porte souvent un sentiment de honte et de culpabilité à ne pas réussir à se contrôler, ce qui peut aussi entraîner une mauvaise estime de soi ou de manque de confiance en soi.
Pour en guérir, il doit reconnaître qu’il est malade et le faire comprendre à sa partenaire. Ensuite chercher à consulter un sexologue, un psychologue ou un psychiatre. Ces derniers en fonction de l’état du patient peuvent lui prescrire des anti-dépresseurs et lui recommander d’adhérer un groupe de soutien.
Impacts émotionnels et psychologiques
Le satyriasis, souvent mal compris peut gravement perturber les relations de couple, engendrant des souffrances émotionnelles importantes.
Les partenaires des personnes touchées par ce trouble peuvent ressentir une frustration intense et un stress constant. « Une femme dont le mari souffre de satyriasis peut se sentir constamment sous pression pour satisfaire des besoins sexuels qu’elle ne peut pas toujours combler. Cela peut mener à des sentiments d’insuffisance et de détresse émotionnelle », explique Docteur Adoko.
L’hypersexualité compulsive peut aussi engendrer des conflits fréquents au sein du couple, comme en témoigne le cas de Blaise Zampaligré 38 ans. Selon lui, ses besoins sexuels excessifs ont conduit à des disputes régulières avec sa partenaire, créant une distance émotionnelle croissante. « Madame trouvait que j’abusais d’elle. Je ressentais tout le temps le besoin d’avoir des rapports sexuels. Et à chaque fois que je le lui demandais, cela était source de malentendus. J’ai donc commencé à la forcer », révèle-t-il mécontent.
De même, Marie Kabré dont le partenaire est affecté par le satyriasis, exprime des sentiments de frustration et d’incompréhension face à une situation qu’elle peine à gérer, renforçant ainsi le stress émotionnel au sein de leur relation.
Le satyriasis, souvent mal compris, peut affecter les relations de couple. Une meilleure sensibilisation et un soutien médical sont nécessaires pour aider les couples à gérer les impacts émotionnels et préserver leurs liens affectifs.
Mireille Sandrine Bado/MoussoNews