Savon anti-moustiques : L’innovation fait-main de Salimata Kaboré
Salimata Kaboré, experte en savonnerie depuis son enfance, utilise son savoir-faire pour créer un savon anti-moustique à base de plantes locales. Avec son association ‘’Too-Noma’’, elle lutte non seulement contre les moustiques, mais vient en aide aux femmes et aux enfants en situation difficile.
Salimata Kaboré est une sexagénaire passionnée de savonnerie depuis son plus jeune âge. Elle a appris ce savoir auprès de sa grand-mère avant de perfectionner ses compétences au sein des groupements Naam et « Six S » à Ouahigouya.
Après dix ans d’expériences, dont cinq (5) en tant que bénévole et cinq (5) en tant que responsable de la savonnerie, elle a acquis une solide expertise dans la fabrication de savon à base de neem, de beurre de karité et de balanite. « Le directeur du groupement « Six S » Bernard Lédia m’a confié la gestion de sa savonnerie car j’avais de l’expérience. On y produisait du savon à base de plantes locales », explique Salimata.
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Pour des raisons professionnelles, son époux a été affecté à Banfora. Salimata est donc contraint de le suivre. Une fois sur place, elle décide de mettre son talent au profit de la population et rejoint l’équipe du Directeur général des laboratoires Phytofla Docteur Zéphirin Dakuyo. « Un jour, Docteur Dakuyo m’a fait part de son envie de mettre en place une savonnerie et avec mon expérience dans le domaine, il n’a pas hésité à me faire confiance. C’est ainsi que j’ai pris part à la fabrication des savons Mitraca et Sofla », détaille-t-elle.
Cette collaboration avec le Docteur Dakuyo a durée trois ans et demi avant que sa famille ne rejoigne la capitale.
‘’Expérience positive d’un savon anti-moustique’’
De retour dans la capitale ouagalaise, malgré un début prometteur, la production de son savon a été interrompue en raison de la maladie de son mari. Elle a dû ralentir ses activités pour s’occuper de lui, mais a repris la production en 2015 qu’elle a expérimenté sur son entourage. « L’état de mon époux était très grave. J’étais obligée de tout ralentir car je ne pouvais pas le laisser seul ni engager quelqu’un pour prendre soin de lui », indique-t-elle.
Elle reprend la production en 2015, avec le soutien de son mari qui avait commencé à se rétablir. « Il allait mieux, il a commencé à parler et à bouger un peu. C’est lui qui m’a demandé de reprendre l’activité », précise-t-elle.
Cette année-là, Salimata a mis au point un savon anti-moustique en utilisant des plantes locales réputées pour leurs propriétés répulsives contre les insectes. « Je suis allée voir ma grand-mère à Ouahigouya pour connaître les plantes qu’elle utilisait pour chasser les moustiques. Elle me les a montrées et m’a conseillé de les bouillir ou de les piler pour recueillir le jus et l’utiliser dans ma production », confie-t-elle.
Elle ajoute que le savon produit a été très apprécié par son entourage et a été beaucoup commandé.
Parmi ces plantes figurent l’huile de neem, de citronnelle, d’acacias, le roungrounga (plante locale). Analysé en 2019 par le Laboratoire national de santé publique, ce savon est vendu à 100 F l’unité et est adapté à tous les âges (enfants, adultes personnes âgées). Sa particularité : au contact de la peau, il se transforme en huile plutôt qu’en mousse, offrant ainsi une efficacité accrue.
Savon apprécié, clientèle satisfaite
L’anti-moustique de Salimata Kaboré est beaucoup aimé et apprécié par la population de Saaba. Alice Oubda, jeune étudiante est une fidèle utilisatrice du savon de Salimata. La jeune fille souffrante d’asthme ne supporte pas les odeurs que dégagent les produits anti-moustiques disponibles sur le marché. « Je cherchais des produits anti-moustiques et on m’a conseillé ce savon qui a été très efficace. Depuis lors il ne manque jamais dans mon sac », fait-elle savoir.
Comme elle, Edwige Kafando mère de famille s’en procure régulièrement. « En plus d’être moins cher, ce savon adapté à tous est devenu un allié sûr pour lutter contre les moustiques chez moi. Ma famille et mon entourage l’apprécié », souligne-t-elle.
Même son de cloche pour Boureima Tiemtoré, jeune commerçant au grand marché de Ouagadougou. Il a découvert ce savon grâce à une voisine de Salimata. Après l’avoir testé, il a décidé d’en vendre au sein de ses différentes boutiques situées dans d’autres villes. « Le savon est très bien. Il est fait avec des plantes locales. Il lutte efficacement contre les moustiques. J’ai donc pris en grande quantité que je revends à Koupéla, Tenkodogo et Koudougou », indique-t-il.
Une formation pour l’autonomisation des femmes vivant avec un handicap
Au-delà de la savonnerie Salimata s’engage dans la formation des femmes et des personnes vivant avec un handicap. Avec l’aide de structure comme l’Association pour le Développement Inclusif (ADI), elle transmet ses compétences en fabrication de savon à des groupes souvent marginalisés. Elle leur permet ainsi d’acquérir une autonomie financière et professionnelle. « Ces personnes sont comme nous alors il était important pour moi de leur apprendre ce que je sais faire pour les aider. J’ai travaillé avec une association qui vient en aide aux personnes malvoyantes dans plusieurs localités du Burkina », dit-elle.
Salimata Kaboré exprime un désir profond de continuer à produire son savon anti-moustiques et d’étendre ses activités de formation. Elle recherche des partenaires pour agrandir sa production et continuer à aider les plus démunis. Son engagement en faveur de la qualité et de la durabilité continue de faire la différence dans sa communauté et au-delà.
Mireille Sandrine Bado/MoussoNews