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Soutenances à l’ISTIC: 18/20 pour Tani, handicapée visuelle
Pour la première fois à l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC) l’on a assisté à la soutenance d’une handicapé visuelle. Après deux années passées dans cette école, Diadiapoa Tani Tindano a présenté le 21 juin 2022 un magazine radiophonique intitulé: «L’enseignement de l’enseignement braille au primaire et au secondaire, une alternative pour une éducation inclusive au Burkina Faso». Séduits par la qualité du travail, les membres du jury ont attribué à l’impétrante la note de 18/20.
Sur le tableau de programmation de L’Observateur Paalga ce mardi matin, un reportage attirait particulièrement l’oeil: «Soutenance d’une handicapée visuelle à l’ISTIC». «Elle soutient en télé ou en radio?», «Comment a-t-elle fait?», « Si ce n’est pas en radio, ce n’est pas possible?». Ce sont là autant de questions et de commentaires qui fusaient en conférence de rédaction, signe que cette soutenance avait de quoi susciter beaucoup d’intérêt et de curiosité.
Dans l’après-midi, Diadiapoa Tani Tindano devait présenter au jury, constitué de l’ancien ministre de la Culture Baba Hama, par ailleurs son encadreur, du journaliste Mamadou Kabré et du juriste et député à l’Assemblée législative de Transition Souleymane Ouédraogo un magazine radio de 26 minutes intitulé: «L’enseignement de l’enseignement braille au primaire et au secondaire, une alternative pour une éducation inclusive au Burkina Faso». Un thème qui, on l’aura compris, renvoie à son expérience personnelle. Elève vivant avec un handicap visuel , elle a souvent été confronté à un système où le braille n’était pas la chose la mieux connue.
Plus jeune, solitaire, elle avait trouvé en la radio un fidèle compagnon pour s’évader. Lorsque l’occasion lui a été offerte après son Bac A, obtenu en 2019, de faire des études de journalisme, elle n’a pas hésité à sauter le pas. Le sujet qu’elle a choisi est, en soi, une revanche qu’elle a prise sur la vie.
A l’entame de son exposé elle a souligné les difficultés qu’elle a rencontrées, liées particulièrement à la manipulation des outils techniques qui ne sont pas adaptés à son handicap. Pour la prise de son et le montage, elle s’est donc fait aider.
Mais sa mémoire phénoménale et ses connaissances sur les techniques journalistiques lui ont été d’un grand soutien, a souligné Baba Hama, pour qui l’impétrante est une «handicapable». Une preuve de plus, sa production, dans laquelle elle évoque notamment les difficulté liées à l’introduction du braille dans les classes, a séduit les membres du jury qui ont sanctionné son travail par la note de 18/20.
Cette note remarquable signe aussi une victoire pour l’ISTIC, qui accueille depuis 2020 des stagiaires vivant avec un handicap visuel. Une expérience d’inclusion qui n’aurait pas été possible sans le partenariat qui existe entre l’institut et l’Association burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants (ABPAM). De manière pratique , c’est l’ABPAM qui traduit du français au braille les devoirs, et inversement pour les copies, des stagiaires handicapés visuels. Pour les cours, ces derniers suivent les mêmes formations et notent leurs leçons en braille.
Hugues Richard Sama lobservateur.bf