Tontines à Ouagadougou : Des promesses d’épargne fragilisées par l’escroquerie
Derrière la promesse d’épargne collective, la tontine cache parfois des pièges. Ce système financier, souvent perçu comme une solution pour accumuler des fonds rapidement est devenu pour certaines femmes une source de déception à cause d’escroqueries répétées.
La tontine est un mécanisme d’épargne collective souvent louée pour ses avantages. Un groupe d’individus cotise à un fonds commun pendant une période déterminée, chacun recevant une somme à tour de rôle selon les règles établies. Si ce principe semble simple et bénéfique, la réalité montre que l’escroquerie s’invite de plus en plus dans ce système.
M.S., une vendeuse au marché de Sambin Barrage à Tanghin a vécu cette mauvaise expérience. « Je me suis faite arnaquer une somme de 45 000 francs CFA. C’est fini avec les tontines, je préfère désormais garder mon argent à la banque », a-t-elle confié. Comme elle, plusieurs femmes ont déserté les tontines après avoir été victimes d’arnaques.
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Mme Dabiré, une commerçante, a eu plus de chance et laisse des souvenirs qu’elle se commémore. Elle était membre d’une tontine d’un contrat de dix (10) mois, elle a décidé de récupérer sa part au bout du quatrième mois, bien avant la fin du contrat. « J’ai échappé de justesse à une grosse arnaque », raconte-t-elle. La ‘’tontineuse’’ a disparu au cinquième mois, emportant avec elle les cotisations de celles qui n’avaient pas encore touché leur part.
Ces escroqueries récurrentes ont semé la méfiance chez certaines femmes qui préfèrent désormais se tenir à l’écart de ces pratiques. Pourtant, d’autres continuent de s’y investir. Zara, commerçante et membre d’une tontine depuis trois mois se dit en confiance car sa voisine qui en est la gestionnaire, lui semble fiable. « Je sais qu’elle me donnera ma part en temps voulu », a-t-elle affirmé.
Un risque que même les « tontineuses » n’échappent souvent pas
Toutefois, les risques ne concernent pas seulement les participantes. Certaines ‘’tontineuses’’ subissent également de lourdes pertes. Le cas de Séraphine (nom d’emprunt), une connaissance de Zara laisse sans voix. Après avoir retiré l’argent des cotisations de ses clientes, elle s’est fait braquer à la sortie de la banque. Ce traumatisme l’a poussée dans une spirale de folie. « Elle a subi un gros traumatisme et a même perdu la tête à cause de cette tragédie », déplore Zara.
La tontine, malgré ses bénéfices pour beaucoup de femmes, reste une entreprise risquée. Si certaines s’en méfient à cause des arnaques, d’autres y voient toujours un moyen d’épargner ou de secourir leur économie en cas de besoin. Mais la prudence reste de mise face aux dangers de l’escroquerie et aux imprévus financiers.
Diane SAWADOGO (Stagiaire)/ MoussoNews