Transition au Burkina : le rôle de pacificatrices des femmes en débat
Comment les femmes burkinabè peuvent-elles contribuer à la consolidation de la paix dans un contexte de transition ? Le débat a été mené par la Coalition burkinabè des droits de la femme (CBDF) dans le cadre de la célébration du 8 mars 2022. Autour d’un panel organisé le 18 mars à Ouagadougou, une centaine de participantes et participants ont réfléchi sur les leviers à actionner pour une participation efficace de la femme à la prise de décision dans ce contexte sécuritaire et sanitaire délétère.
Le Burkina Faso a commémoré le 8 mars – journée internationale des droits de la femme – autour du thème : « Défis sécuritaire et sanitaire : quelles stratégies pour une meilleure protection des femmes ? ». Pour Félicité Médah, coordinatrice de la Coalition burkinabè des droits de la femme (CBDF), ce thème est interpellateur. « Il interpelle la conscience collective sur la nécessité d’une meilleure protection des femmes en général et de façon spécifique des femmes démunies, vulnérables et exclus des communautés dans un contexte qui contribue à accroitre la vulnérabilité des femmes », souligne-t-elle.
Le panel de la CBDF s’inscrit ainsi dans cette dynamique de proposition d’actions concrètes pour venir en aide aux femmes dans le besoin. Les derniers chiffres sur la Covid-19 indique 7 677 femmes atteintes et guéries contre 13 131 hommes. Ces chiffres peuvent indiquer un faible taux de contamination chez les femmes, pourtant, rappelle Blaise Tiénin, spécialiste en genre, les conséquences de la crise sanitaire sont énormes sur elles. Il a cité, entre autres, les violences morales, les violences basées sur le genre et les violences économiques.
L’impact de la crise sécuritaire est aussi grave sur la femme. La déscolarisation de la jeune fille avec la fermeture des écoles, le recrutement des filles par les groupes armés aux fins d’exploitation sexuelles, l’inaccessibilité aux ressources sociales de bases telles que la santé, l’eau, etc., le mariage forcé et précoce, sont entre autres conséquences énumérés par le pénaliste.
86,7% d’hommes occupent les hautes fonctions de l’administration
Excepter les postes de gouverneur de région ou le taux de représentation des femmes a atteint 30% de 2015 à 2020, la participation des femmes reste encore faible au niveau des sphères de décisions. « Les hautes fonctions sont toujours occupées par les femmes, tant au niveau ministériel et que députation », explique le paneliste. Les facteurs d’influence négatifs expliquent la faible implication de l’autre moitié du ciel sur les scènes de pouvoir publique. Pour influer cette donne, il sied, propose les panelistes, d’encourager l’application des textes juridiques, la diffusion de bonnes pratiques, le renforcement des capacités des femmes sur la cohésion sociale, le plaidoyer et les synergies d’action.
Franck Sanou, conseiller en soutien volontaire à Carrefour International, une organisation canadienne et partenaire financier de la CBDF, a positivement apprécié la tenue du panel. « Ces instants d’échanges et de réflexions sont une aubaine pour davantage promouvoir et protéger les droits de la femme dans ce contexte mondiale marqué des plusieurs crises humanitaires », commente-t-il.
Carrefour International, présent au Burkina Faso depuis 2019, renforce les capacités des organisations locales qui militent pour les droits de la femme. Elle évolue sur quatre axes stratégiques que sont l’égalité homme/femme, l’accès à la justice, la lutte contre les VBG et le renforcement des pouvoir économique des femmes. Chaque année des volontaires arrivent du Canada pour former les organisations sur différentes thématiques comme le suivi-évaluation des projets, la communication digitale, la mobilisation des ressources.
Bassératou KINDO