Vente de dolo: Bravoure et ténacité des ‘’dolotières’’ dans les cabarets
Dans les marchés et Yaar de Ouagadougou, les cabarets ornent les périphéries. Ces lieux sont les repères des amateurs du Dolo. Le dolo, cette bière de sorgho rouge prisée des Burkinabè, est plus qu’une simple boisson. Derrière chaque calebasse se cache le courage et la détermination des femmes qui assurent la fabrication et la vente. Entre défis quotidiens et fierté d’un travail bien accompli, elles témoignent de leur force face aux difficultés du métier.
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Le dolo, aussi appelé « Rãam » ou « Tchapalo », est une boisson qui fait partie intégrante de la culture burkinabè. Cette bière de sorgho rouge ou de mil germé est majoritairement préparée et vendue par des femmes dans les cabarets ou “dolodromes”. Les cabarets de dolo sont des lieux de rencontre et de convivialité où les amateurs viennent se retrouver pour boire, échanger et se détendre.
Valérie Sawadogo est propriétaire d’un cabaret près du marché ‘’Arb Yaaré’’ de Tanghin. Elle exerce dans ce domaine depuis des années et en tire une satisfaction personnelle. « Je ne vis que de la vente du dolo, c’est mon gagne-pain quotidien », affirme-t-elle. Cependant ce travail comporte de nombreux défis. « Les crédits sont mon principal problème. Plusieurs clients prennent à crédit et refusent de payer, beaucoup ne reviennent même plus », déplore-t-elle. Ces impayés sont une difficulté récurrente pour les dolotières. De plus, Valérie doit faire preuve de ténacité face à certains clients masculins parfois violents sous l’emprise de l’alcool. « Dans ce métier il faut être forte et tenace », souligne-t-elle.
Non loin du cabaret de Valérie, Rosalie sa voisine partage les mêmes soucis. « Les crédits et les bagarres, c’est devenu une habitude », raconte-t-elle. Elle vend du dolo depuis longtemps, y associant également de la bière. « C’est un métier difficile, mais il m’a permis de prendre soin de mes enfants », confie-t-elle. Malgré les défis, Rosalie comme Valérie persistent chacune dans son activité avec résilience.
Augustine dit Pogyendé a su tirer parti de son expérience pour transformer son cabaret. Avec des tables, des chaises et une télévision, elle a créé un cadre « tradi-moderne » qui attire de nombreux clients. « Au début, je fabriquais moi-même le dolo, mais maintenant je l’achète chez les revendeuses parce que je manque de temps», explique-t-elle. Grâce à ses années de dur labeur, elle a évolué vers un modèle plus diversifié, proposant en plus du dolo, de la bière et même de la soupe, une idée suggérée par ses clients. « J’ai commencé petit à petit et aujourd’hui, je peux dire que je suis fière de ce que j’ai accompli », déclare-t-elle.
Ces femmes, fortes et courageuses, continuent d’affronter avec dignité les difficultés de leur métier. Entre crédits impayés, violences et bagarres, elles serrent la ceinture et persistent. Leur bravoure est à la hauteur de la satisfaction qu’elles tirent de ce travail qui leur permet, malgré tout, de subvenir aux besoins de leurs familles.
Diane SAWADOGO (Stagiaire)/ MoussoNews