Vente de sons ou peaux de maïs : Une survie pour des femmes

Symboles de résilience, des femmes luttent au quotidien contre les difficultés économiques pour gagner leur vie. Assises aux abords des rues animées de la ville de Ouagadougou, elles vendent divers aliments pour animaux principalement les sons ou peaux de maïs.

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Sabine Kaboré, vendeuse de peaux de maïs depuis 15 années

Agée de 70 ans, Sabine Kaboré se nourrit de la vente de sons ou peaux de maïs depuis 15 ans.

Foulard sur la tête, mains rides, Sabine incarne la persévérance malgré les années qui ont marqué son visage. Assise au bord d’une des voix de Nagrin, un quartier de Ouagadougou, sa silhouette raconte l’histoire de nombreuse années passées à travailler dur. La vente de peaux de maïs s’est imposée à elle. Issue d’une famille à revenu modeste, Sabine quitte la Côte d’Ivoire pour s’installer au Burkina après le décès de son époux. Mère de 6 enfants elle s’est mise à faire de petits boulots dont la vente de sons ou peaux de maïs.

Fatiguée par l’âge, Sabine Kaboré se résilie dans cette activité « Je sais que je suis vielle et fatiguée, mais si je reste à la maison, je vais tomber malade vue que j’étais dynamique des années antérieures », essaie-t-elle de convainque avec un sourire triste et tenace.

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l’étale de Sabine

Les intempéries, le défi majeur de Sabine dans la vente de sons de maïs

Malgré le sourire qu’adresse Sabine Kabore à sa clientèle, elle affronte au quotidien une série de défis tenaces qui affecte les revenus dont ceux majeurs sont les ‘’les intempéries et ‘instabilités des prix des matières premières’’. « Pendant les saisons pluvieuses, je gagne peu d’argent. A cause des pluies, je n’arrive pas à sortir vendre, je reste à la maison à ne rien faire », souligne-t-elle tristement.

Tout comme dans toutes activités, la période de la vache maigre se fait le plus souvent sentir chez Sabine « Si je ne vends pas pour avoir de l’argent, je ne peux pas me ravitailler après. Il arrive des jours où je n’ai aucune recette mais je n’abandonne pas » dit-elle.

Outre les sons de maïs, Sabine réussit à proposer à sa clientèle autres aliments pour animaux : des coques d’haricots, des feuilles séchées d’arachide, des herbes…

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Elyse Koala, vendeuse de sons de maïs depuis 12 années

Elyse Koala, symbole détermination

Marquée par le courage et la résilience, Elyse Koala, ne craignant pas la concurrence féroce s’est installée non loin de la septuagénaire Sabine Kaboré.

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Depuis 12 ans, Elyse Koala scolarise ses enfants et survient à leurs besoins grâce à la vente de sons de maïs. Assise devant sa maisonnette en tôle qui lui sert de magasin de stockage, la jeune femme expose ses aliments pour animaux.

250 FCFA le plat 2000 FCFA, le sac de peau de maïs, Elyse a environ 10 clients par jour dont les plus récurrents sont des hommes. « Nous partons dans des moulins pour acheter les sons de maïs. J’achète le sac à 2000, 5000 FCFA le moyen sac et le gros », détaille-elle.

Pareillement à la senior Sabine, Elyse n’a pas eu d’autres alternatives que de vende des aliments pour animaux. De son village à Ouagadougou, elle s’est mise à la vente d’herbes. « Je partais enlever des herbes au barrage pour vendre et petit à petit j’ai commencé à intégrer les sons de maïs dans mon stock », raconte-t-elle. « J’achète souvent du maïs concassé avec elle pour mes poules. Elle me les vend à des prix raisonnables, 200 FCFA le sachet », témoigne Samira, une des clientes fidèles de Elyse.

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Fatimata Ouédraogo, vendeuse de peaux de maïs

Des marchés, les points de ravitaillement de certaines vendeuses de sons de maïs

Fatimata Ouédraogo, vit de la vente de sons de maïs depuis 15 ans.

Installée au pied de l’échangeur de l’Est de Ouagadougou, la jeune femme survient aux besoins de sa famille grâce à cette activité. Elle se ravitaille principalement au marché de Palgayiri. « J’ai des grossistes qui les vendent au marché ; à chaque fois que mon stock s’épuise, je prends 5 à 10 sacs allant de 2000 FCFA à 5000 FCFA et je revends en détails selon mes prix. Je vends le plat à 250 FCFA et le sac moyen à 2000 FCA », détaille-t-elle.

Assistée par une de ses fillettes, Fatimata lui inculque les qualités du commerce. « Je fais ce boulot depuis très longtemps et c’est grâce à cela que je prends soin de mes enfants. Alors souvent elle me suit pour m’aider à étaler les sons, à servir les clients, à chercher la monnaie… Je la prépare à me remplacer peu à peu en cas d’absence » souligne la jeune femme en lançant un regard de mise en garde à sa petite fille qui se plaisait à jouer avec les peaux de maïs.

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Les étales de Fatimata

Très dynamique et élève en classe de CE1, Amira Ouédraogo est en vacances scolaires. Elle assiste sa mère à vendre mais aussi elle lui sert d’interprète lorsqu’il y a des clients.e.s qui ne comprennent pas le mooré, la langue de Fatimata. « Je ne comprends pas le français contrairement à ma petite fille. Sa présence à mes côtés m’aide beaucoup. Elle ne parle pas très bien mais elle arrive à comprendre et à traduire les demandes de certains de mes clients.e.s », dit-elle sur un ton sarcastique.

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Contrairement à Fatimata Ouédraogo qui est assise à attendre sa clientèle, Aïchatou Sebgo, vend des sons de maïs et de la banane braisée. Sous son parasol, Aichatou a placé un petit fourneau sur lequel elle braise et vend de la banane. « Au lieu de rester assise à observer les passants en attendant mes clients, j’ai préféré griller et vendre de la banane. Cela ne me dérange pas de faire les deux. Mes sons de maïs sont étalés et mes bananes sont sur le fourneau. Dans tous les cas, je ne perds pas. Tout au contraire, je me fais un peu plus d’argent », explique-t-elle en continuant de retourner sa banane sur le grillage.  

Sabine Kaboré, Elyse Koala, Fatimata Ouédraogo, Aichatou Sebgo, toutes vendeuse de sons ou peaux de maïs, mettent en lumière les défis auxquels sont confrontés de nombreux (euses) solo entrepreneur/e.s de l’économie informelle. Leur résilience à faire face aux difficultés de la vie quotidienne, incarne la force et la persévérance au cœur de l’adversité.

Annick HIEN/MoussoNews

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